Eugène Pottier ou une vie consacrée à... l' Internationale

Mathilde Larrere /Wikipédia

Commentaire : enfin mettre un visage sur un des hymnes les plus connus au Monde et qui a bien failli... resté inconnu. Passionnant!
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Le 4 octobre 1816 naissait à Paris Eugène Pottier, l’auteur de l’Internationale ! 

Il était dessinateur sur étoffe, mais aussi chansonnier. Il compose sa première chanson en 1830, Vive la Liberté. Révolutionnaire en 1848, il est sous l’Empire à l'origine de la création de la chambre syndicale des dessinateurs, qui adhère ensuite à la Première Internationale. Il prend une part active à la Commune de Paris, il participe entre autre, aux combats de la Semaine sanglante, dont il est élu membre pour le 2e arrondissement.



- juin 1871, caché dans Paris, il compose son poème L'Internationale et se réfugie en Angleterre.
-17 mai 1873, il est condamné à mort par contumace. Il s’exile aux États-Unis, d'où il organise la solidarité pour les communards déportés. Ruiné et à demi paralysé, il revient en France après l’amnistie de 1880.

 
 Eugène Pottier vers 1870-1875

-1883, fréquentant les goguettes, il présente une chanson au concours de la célèbre Lice chansonnière et remporte la médaille d'argent. Il retrouve à cette occasion le chansonnier Gustave Nadaud qu'il avait croisé en 1848 et à qui il avait alors, fait une forte impression.
Grâce à ces retrouvailles une cinquantaine de ses chansons sont publiées pour la première fois en 1884 et sauvées de l'oubli par Nadaud, qui, très loin de partager ses opinions politiques, admire néanmoins beaucoup le talent poétique de Pottier, dont il a financé l'impression du recueil, en terminant sa préface élogieuse par ce distique :
La politique nous sépare
Et la chanson nous réunit.

Cette initiative de Nadaud incitera les amis politiques de Pottier à publier, en , ses Chants révolutionnaires, volume comprenant une préface d'Henri Rochefort, et incluant pour la première fois le texte de L'Internationale. Ainsi qu’un beau poème sur le mur des fédérés.





Il faut comprendre l’importance qu'a pu revêtir la chanson ouvrière, sociale, populaire à l'époque, quand nombreux étaient celles et ceux qui ne savaient pas lire. Ce sont des milliers de chansons prolétariennes qui ont été écrites, donnant à entendre la voix du peuple. D'ailleurs, les autorités publiques ne se sont jamais méprises sur l'importance des chansons ouvrière : combien de chansonniers ont subi la censure quand ce n'était la prison! Les chansons sont diffusées sur feuille volante, gratuite ou quasi, ou bien elles sont transmises oralement.
Eugène Pottier écrit d’ailleurs après 48 "la muse de la chanson" sur le pouvoir politique des chansons.



La version de l' Internationale publiée en 1887 est légèrement modifiée par rapport au texte original de 1871. Eugène Pottier meurt peu après sa publication… le 6 novembre 1887. Il ne connaitra jamais la postérité de son poème ni la célébrité qui aillait de paire, survenue à partir de 1888, un an après sa mort.

Mais, un certain jeune professeur guesdiste, Charles Gros, lui-même poète, remarque le texte et le communique à la section lilloise du Parti ouvrier. Le maire de Lille, socialiste guesdiste, le fait alors mettre en musique par Pierre Degeyter.  Il faut préciser que Pottier pensait, lui, que l’Internationale devait être chanté sur l'air de... la Marseillaise ! D’ailleurs écoutez, ça marche !





Elle doit être chantée par la Lyre des Travailleurs (chorale lilloise du Parti Ouvrier Français). Diffusée, d’abord dans le Nord, et les milieux guesdistes, on l'entend bientôt dans toutes les grèves en France.





A l’époque, la 2eme Internationale, fondée à Paris en 1889 se cherche un hymne. Elle finit par choisir le poème du chansonnier communard parisien, et l’entonne pour la 1er fois au Congrès de 1910.





C’est assez paradoxal car la chanson de Pottier est plus proche de l’esprit de la 1ère Internationale que de la seconde. D’ailleurs, l’Internationale de Pottier reprend dans ses vers le préambule de la 1ère Internationale « pas de devoirs sans droits , pas de droits sans devoirs »  et ses accents sont assez anarchistes, proudhoniens. Ainsi, plus qu’à une prise de l’Etat, du pouvoir, le texte appelle à l’auto-gestion ouvrière. On a aussi quasiment le « ni dieu ni maitre » des anar. Elle évoque tous les stigmates de la condition ouvrière, des damnés de la terre (paysans et ouvrier) C’est une chanson de lutte des classes, qui appelle à se dresser contre les patrons : « les rois de la mine et du rail » Elle se dresse aussi contre l’Etat dans contexte d’une république fort peu sociale « L’état comprime, la loi triche, l’impôt saigne le malheureux. » Le texte appelle à la révolution. Au renversement radical du passé faisons table rase!!!!!!! Nous ne sommes rien soyons TOUT. Alors que la 2eme Internationale, marxiste, avait éliminé les anarchistes "soufflons nous même notre forge"...

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.


Sépulture d'Eugène Pottier au Père-Lachaise

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