13/09/2018
Commentaire : " l’ ARENH* (Accès Régulé à l' Électricité Nucléaire Historique) est la plus grosse arnaque qui existe : j’espère que ce dispositif aberrant, anticoncurrentiel et protectionniste va être supprimé au plus vite. Pour les industriels, c’est du pipeau : ACCOR peut-il délocaliser ses hôtels ? Non ! La chimie, c’est pas pareil car les coûts de dépollution seraient énormes en cas de fermeture de site. Ne parlons pas d’Orange et autres ! Ils se font de la marge sur le dos d’EDF. Quand aux concurrents, ils veulent concurrencer EDF sans prendre le risque de production, ni le risque marché. Ils veulent un sourcing garanti. On est, comme pour les ENRi, dans un monde averse au risque ! Si les prix de marché baisse, c’est tout bénéfice pour les concurrents. Si les prix de marché augmentent, ils sont couverts et c’est EDF qui vend à perte. Un système de fou. Car redisons-le, il n’y a pas de rente nucléaire. C’est du pipeau. EDF a financé les centrales, en assume le risque industriel et l’exploitation. C’est son outil. Plutôt que d’accepter l‘Arenh, EDF aurait du vendre quelques actifs nucléaires ! Elle ne serait plus seule à le défendre et à se faire taper dessus de toute part." JFR.
* ARENH
Le prix du mégawattheure (MWh) pour livraison l'an prochain a dépassé les 63 euros en septembre. - Shutterstock
La forte hausse des cours ces derniers mois va profiter à EDF. Ses concurrents et les grands acheteurs d'énergie critiquent un projet de réforme de leur accès à l'électricité nucléaire.
Les prix flambent sur le marché de gros de l'électricité. Il y a quelques jours, le prix du mégawattheure (MWh) pour livraison l'an prochain a dépassé les 63 euros, avant de retomber légèrement autour de 61 euros ce mercredi. La hausse a été progressive depuis le printemps, mais elle s'est accélérée depuis cet été, en passant la barre des 50 euros/MWh.
Ce bond est fortement corrélé à la hausse des cours, ces derniers mois, des quotas d'émissions de CO2 . Le prix de gros de l'électricité est déterminé par les anticipations des traders du coût marginal de la dernière centrale qui sera appelée sur le réseau électrique - souvent une centrale à gaz ou une centrale à charbon, qui doivent ajouter à leur coût de production le coût de la tonne de CO2. Longtemps à des niveaux très bas (autour de 5 euros), la tonne de CO2 a grimpé cette année au-delà de 20 euros, sous l'effet du mécanisme de stabilité destiné à résorber les quotas .
Sur les factures des consommateurs
Cette hausse des prix de gros va largement profiter à EDF, une hausse de 1 euro du prix de marché (en moyenne sur l'année) ayant un impact favorable à hauteur d'environ 300 millions d'euros sur ses comptes. Elle se répercutera progressivement sur les factures des consommateurs : le tarif réglementé d'EDF, auquel sont abonnés plus de 25 millions de clients et sur lequel sont indexées nombre d'offres de ses concurrents (Engie, Direct Energie, Total Spring, Eni...), est calculé pour une part sur le prix de marché et pour une autre, plus importante, sur le tarif de l' Arenh (42 euros/MWh).
Ce dernier a été instauré en 2010 pour partager la « rente nucléaire » d'EDF et favoriser l'émergence de concurrents, qui pouvaient choisir librement d'y souscrire ou pas, en fonction du niveau des prix sur le marché de gros.
Plafond probablement dépassé
Dans le contexte de forte hausse des prix de gros, les concurrents d'EDF devraient se ruer sur les volumes d'électricité disponibles au tarif de l' Arenh -100 térawattheures, soit environ un quart de la production nucléaire d'EDF- qui seront proposés au mois de novembre pour une livraison en 2019. « Il est à peu près certain qu'on va dépasser le plafond », redoute Frank Roubanovitch, président du Cleee, qui regroupe de grands consommateurs d'énergie (Accor, Orange, Auchan, SNCF...).
Cette crainte est amplifiée par un projet de réforme de l' Arenh, qui vise à imposer aux concurrents d'EDF d'anticiper leurs achats jusqu'à près d'un an avant la livraison de l'électricité, à un moment où ils auront donc moins de visibilité sur l'intérêt de prendre cette option. « Cela dégrade le bénéfice de l' Arenh pour le consommateur et pour la concurrence. On espère que la Commission européenne va bloquer le décret », prévient Fabien Choné, président de l'Anode. EDF proteste depuis longtemps contre l'« option gratuite » octroyée à ses concurrents que constitue l' Arenh, et plaide même pour une suppression pure et simple. En 2016, l'électricien avait souffert d'une forte chute des cours , à moins de 30 euros/MWh.
Alternatives
Alors que le projet de décret réformant l' Arenh doit être examiné en Conseil supérieur de l'énergie la semaine prochaine, les acheteurs d'électricité préconisent plusieurs alternatives aux mesures préconisées. Le Cleee plaide pour un relèvement du volume d'électricité disponible au tarif de l' Arenh, tandis que l'Anode, qui regroupe des fournisseurs alternatifs, défend en priorité l'idée de donner une valeur monétaire au caractère optionnel de l' Arenh - autrement dit de le revaloriser.
Le sujet pourrait aussi trouver un écho dans les débats sur l'architecture d'EDF . « Il faut soustraire le nucléaire de toute activité concurrentielle, au moins de manière comptable et peut-être juridique », plaide Fabien Choné, président de l'Anode. Les acteurs voient ainsi se profiler 2025, date à laquelle le dispositif de l' Arenh doit normalement disparaître.
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