Le marché français de l'énergie aiguise l'appétit de nouveaux acteurs


La concurrence s'intensifie sur le marché de la fourniture de l'électricité et du gaz aux particuliers en France, avec l'arrivée régulière de nouveaux acteurs qui promettent des tarifs attractifs mais se heurtent à la remontée des prix de gros.
Lundi, c'est le groupe public suédois Vattenfall qui a annoncé à son tour qu'il se lançait dans la bataille, avec l'ambition de compter parmi les cinq premiers acteurs du marché d'ici cinq ans. L'entreprise était déjà présente depuis 2000 sur le marché professionnel mais veut désormais séduire les ménages.
La France représente "un marché qui commence à peine réellement à s'ouvrir avec 80% des particuliers qui sont encore aux tarifs réglementés EDF. C'est un potentiel énorme à développer pour un grand acteur comme Vattenfall, habitué à la concurrence depuis 20 ans", juge Henri Reboullet, PDG de la filiale française de Vattenfall.

Le marché français des particuliers est ouvert depuis plus de dix ans mais la concurrence s'est récemment intensifiée avec l'arrivée de nouveaux acteurs, comme par exemple les supermarchés Leclerc dernièrement, après Total Spring, Butagaz ou encore Cdiscount (groupe Casino).
Les acteurs historiques - EDF dans l'électricité et Engie dans le gaz - conservent pour l'instant une place dominante. C'est surtout vrai pour l'électricité, où 80% des ménages souscrivent toujours aux tarifs réglementés de vente (TRV), fixés par les pouvoirs publics et proposés par EDF (et des entreprises locales de distribution dans certaines régions). L'acteur historique perd toutefois près de 100 000 clients par mois et ses parts suscitent les convoitises des nouveaux arrivants.

"L'objectif, c'est de vendre de l'électricité verte, d'être le moins cher du marché durablement et de servir d'ici 3 ans trois millions de foyers en métropole", affirme ainsi Michel-Edouard Leclerc, PDG du géant de la distribution qui porte son nom.
Du côté de Total Spring, la filiale du géant du pétrole et du gaz Total, on compte 600 000 clients dans l'électricité et le gaz. "Total Spring gagne plus de 3 000 clients par jour depuis la rentrée", se félicite ainsi son directeur, Marc Bensadoun. "Les Français commencent à s'intéresser à leur facture", selon lui.

Des « disparitions » ?
"On a une grosse dynamique depuis deux ans, puisqu'on a doublé le nombre de fournisseurs sur le marché", observe Nicolas Mouchnino, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir. Une multiplication que l'association de défense des consommateurs juge plutôt positive car elle permet de lutter contre "la méconnaissance du marché".
Du côté des prix, les fournisseurs alternatifs promettent généralement des tarifs bien inférieurs aux tarifs réglementés de vente (TRV) commercialisés par les acteurs historiques. "Vous n'avez qu'une partie de la facture qui est impactée par la réduction", relativise Nicolas Mouchnino. Les deux tiers de la facture d'électricité sont en effet les mêmes pour tous, avec les coûts d'accès aux réseaux et diverses taxes et contributions. "On peut avoir des surprises à la fin: l'économie n'est peut-être pas forcément celle qu'on attend", souligne-t-il.
Autre sujet d'inquiétude: les fournisseurs alternatifs sont actuellement confrontés à une forte hausse des prix sur le marché de gros de l'électricité, où ils s'approvisionnent.
Ils peuvent également se fournir en électricité nucléaire auprès d'EDF, grâce à un mécanisme baptisé Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), à un prix très attractif car inférieur à celui du marché actuellement. Mais cette offre est plafonnée à 100 térawattheures (TWh) et ne devrait pas satisfaire la demande.
"Il y a un risque que les fournisseurs alternatifs n'arrivent plus à proposer des tarifs qui soient suffisamment compétitifs par rapport à EDF et qu'il y ait un resserrement des offres de marché par rapport aux TRV, ou bien la disparition de certains acteurs", s'inquiète ainsi Nicolas Mouchnino.

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