L’écologie politique sera scientifique ou ne sera plus, Part I






L’écologie a renoué avec l’environnement le lien fondamental et sacré qui le relie à l’homme. Par cette communion, elle remplit le vide laissé par les religions dans un contexte d’explosion technologique. Mais elle fait semblant d’ignorer que le fossé s’élargit de toutes parts entre la déclinaison politique de ses principes et le bilan de ses résultats.
La dimension mondiale du phénomène et les sommes inédites qui lui sont consacrées justifient une tentative d’analyse de son origine et de sa démarche, ainsi que de ses ressorts cachés et des conséquences géopolitiques qu’on peut en attendre.
Ces 2 faces de l’écologie politique sont l’objet des 2 parties du présent article.

Première partie
Les origines de son crédo
André Malraux percevait la dimension de ce vide mystique lorsqu’il écrivait : « Je pense que la tâche du prochain siècle (…), va être d’y réintégrer les dieux ».  Envisageant ces dieux « sous une forme aussi différente de celle que nous connaissons, que le christianisme le fut des religions antiques », mais des dieux nécessaires, tels des « torches une à une allumées par l’homme pour éclairer la voie qui l’arrache à la bête ».
C’est dans ce contexte qu’André Frossard lui a prêté sans équivoque la fameuse phrase : « Le 21ème siècle sera mystique ou ne sera pas » [1]. Cette quête de sacré a ouvert la voie à tout un cortège de gourous, affairistes de la terreur, dont les fonds de commerce reposent, comme chaque fois, sur le péché originel : celui de la connaissance.

Le retour de l’obscurantisme
A l’opposé du siècle des lumières, de son culte de la raison, de la connaissance et du progrès, le 21ème siècle naissant affiche désormais sa défiance de la science et scrute, derrière chacune de ses avancées, la main du lobby susceptible de l’avoir manipulée.
Au nom du dieu Nature, ce siècle marque le retour de la culpabilité de l’homme, néfaste par essence à son environnement, et sa nécessaire contrition, liée au mythe d’une apocalypse dont il serait responsable.
Et l’écologie politique s’est engouffrée dans cette brèche en brandissant à la fois le spectre de la fin du monde et les délices d’un paradis perdu.
La gestion du risque est pourtant un métier qui ne devrait pas céder à l’émotion, mais peser rigoureusement les avantages et les inconvénients de chaque opportunité.
Et tandis que l’écologie politique se contente de manipuler les peurs sans s’embarrasser de bilans, elle a oublié que si chaque opportunité comporte un risque, chaque risque comporte une opportunité.
Le pire danger résidant précisément dans l’immobilité et la peur du mouvement.

La défiance du progrès
Les progrès des biotechnologies ont fait reculer la faim dans le monde, mais aussi la maladie et la misère.
Pourtant, chaque mise au point d’une nouvelle variété de semences mieux adaptée à son environnement, ou de produit phytosanitaire qui évite la destruction des cultures, est désormais perçue, à priori, comme une invention du diable par l’écologie moderne, dont la constante est de s’opposer à toute forme de science comme d’ailleurs à toute forme de confort ou de progrès.
C’est aussi pourquoi la défiance envers les vaccins ne cesse d’augmenter en Europe [2], alors que ceux-ci sauvent entre 2 et 3 millions de vies chaque année.
L’écologie moderne prône la frugalité et le retour à la nature primitive, et se défie de la civilisation et de l’industrie, auxquels elle préfère un repli sur soi-même dans lequel l’auto consommation devient un but en soi.
Elle puise ses racines dans le courant culturel mondial des années 1960, révolté contre l’autorité de la société établie, avec la volonté de supprimer tout interdit et toute entrave à la jouissance individuelle.
Ses théoriciens étant d’ailleurs généralement issus de milieux nantis et bien nourris, qui leur avaient assuré la protection sanitaire, et tous les attributs du confort de cette société honnie.
L’énergie atomique y incarne le mal absolu, puisque qu’elle représente actuellement la seule forme d’énergie qui peut être fournie en abondance et, avec un minimum d’impact sur l’environnement et ouvre des perspectives quasi  illimitées grâce aux nouvelles générations de réacteurs [3].
La problématique d’une conjugaison de l’évolution démographique avec l’accès à l’énergie est pourtant bien réelle. Mais c’est son approche qui semble falsifiée.
Dans « Les lumières aujourd’hui » (Enlightenment Now now) Steven Pinker éclaire, à l’inverse, les bonnes raisons de donner raison à la Raison [4].
Et le propos n’est pas ici de juger les valeurs de l’écologie politique mais de tenter d’en observer les rouages et, surtout, d’en anticiper les conséquences.
Car l’Occident pourrait devenir le dindon d’une farce qu’il s’écrit lui-même.

Le principe de réalité
La démission de Nicolas Hulot doit notamment interpeller sur le poids de sa charge, qui stipule [5]: « Au titre de l’énergie et du climat, il élabore et met en œuvre la politique de l’énergie, afin notamment d’assurer la sécurité d’approvisionnement, la lutte contre le réchauffement climatique et l’accès à l’énergie, et de promouvoir la transition énergétique. »
Car la mise en œuvre des valeurs de l’écologie politique, via la « transition énergétique », menace précisément la sécurité d’approvisionnement, tandis que la réduction de la part de production nucléaire qu’elle préconise s’oppose à la lutte pour le climat et l’accès à l’énergie.
L’échec de cette politique était prévisible, il est désormais dûment constaté par son propre ministère dans le suivi de la stratégie nationale bas carbone [6].
De même, le doublon intermittent, de plus de 100 000MW éolien/solaire allemand, n’a toujours par permis de fermer un seul MW pilotable [7], malgré les milliards d’euros engagés pour l’Energiewende. Pour la bonne raison que s’il est facile de fermer une unité pilotable, les récents blackouts suédois doivent rappeler que c’est une autre affaire d’assurer alors la sécurité d’approvisionnement [8].
Et les épithètes grandiloquentes qui accompagnent toute communication sur le sujet n’y changeront rien : les énergies intermittentes éolien/photovoltaïques, véritables totems modernes, ont montré leur incapacité aussi bien à remplacer quelque puissance pilotable que ce soit, qu’à participer à l’emblématique réduction d’émissions de CO2 (eq).
Et ceci, tout particulièrement en France, pour la bonne raison que son système électrique n’en émet déjà pas.



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