La maison brûle, les décideurs regardent ailleurs

Jean-Pierre Riou Les Experts 28-11-2014




Depuis 1990 les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère ont augmenté de 60%.

Sans faire, pour autant, l'objet d'un consensus scientifique, le rôle de l'homme dans un réchauffement du climat est au centre de toutes les préoccupations. La maîtrise de son impact sur le climat été érigée en priorité mondiale et draine des centaines de milliards d'euros d'argent public.


Sans poser la question des bases scientifiques de cet engagement, il semble légitime de s'interroger sur l'efficacité des moyens retenus.


L'échec d'une politique

Après le quasi consensus répété ce mois ci par le G 20 à Brisbane, visant à renforcer les actions pour le climat et à un an du sommet de Paris, la Banque Mondiale vient de publier, dimanche 23 novembre 2014, un rapport alarmant sur les conséquences du réchauffement climatique, susceptible d'aggraver considérablement la pauvreté dans de nombreuses régions du globe et même de menacer les réserves d'eau douce.

Ce rapport constate l'échec des politiques menées depuis 1990, avec une augmentation des émissions de CO2 de 60% depuis cette date et redoute un « risque de modifications irréversibles et à grande échelle des biomes et écosystèmes de la planète. »

Les conséquences géopolitiques de cet appauvrissement des plus pauvres laissant augurer une fin de siècle particulièrement chaotique.

D'autant que les politiques énergétiques, supposées s'opposer à cet appauvrissement, en ont bien souvent été les complices. Qu'il s'agisse des dérives des biocarburants ou de la méthanisation, dont l'emprise sur les terres agricoles aura favorisé l'augmentation des prix des céréales et la malnutrition qui lui est liée, ou de l'intermittence des énergies renouvelables, responsable de surcoûts considérables et de l'accroissement de la précarité énergétique.


Un objectif recentré

C'est pourquoi l'Europe vient de recentrer sa politique en matière de climat et d'énergie dans son nouveau cadre d'action à horizon 2030, sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre qui devient le seul objectif contraignant pour les États, les moyens qui étaient réputés les permettre perdant ce caractère contraignant pour les État membres.

Témoin de cet échec, après 4 ans d'efforts et des millions de dollars investis dans les énergies renouvelables à travers son projet RE>C, Google vient de jeter l'éponge en reconnaissant que ces énergies renouvelables étaient une mauvaise idée et que, tout simplement, elle ne marchait pas. « Renewable energy 'simply WON'T WORK »: Top Google engineers

De même, en mai dernier, le vice chancelier allemand, Sigmar Gabriel faisait le constat amer de l'échec de sa transition énergétique, dont il reconnaissait avoir sous estimé la complexité de tous les aspects et avouait que cette politique se révélait être une véritable folie.

M.Sigmar Gabriel ajoutait que la plupart des pays d'Europe les prenaient pour des fous.

Il ne devait pas faire allusion à la France, pour qui cette folie semble un modèle et dont l'excellence du parc de production d'électricité semble perçue comme un handicap.

Le tableau ci-dessous (source A.I.E) indique, en effet, les émissions de CO2 des systèmes électriques européens (Plus Etas Unis)

Donnant une idée du peu de réductions de CO2 envisageables en France grâce aux énergies renouvelables, puisque plus de 90% de sa production d'électricité n'en n'émet pas.





Ce tableau stigmatise également l'échec de l'effort allemand, dont le charbon est à l'origine de 45% de la production d'électricité.


Les ravages du charbon

Rappelons que les centrales à charbon ne se contentent pas d'émettre une tonne de CO2/MWh produit, mais également des oxydes de souffre et d'azote, ainsi que des corps radioactifs tels que le radon.

Leurs terrils accumulent uranium, thorium, radium, radon, polonium, bismuth et plomb qui concentrent la plus grande partie de la radioactivité (SFEN).

Au-delà de l'effet de serre dont il est responsable, le charbon provoquerait, selon « Sauvons le Climat » entre 1 et 2 millions de morts par an dans le monde, représentant et de très loin, la plus dangereuse des énergies utilisées par l'homme, même si les morts silencieux qu'elle entraîne sont moins médiatiques que d'autres.

Ce 11 novembre, Sigmar Gabriel a du faire face à une manifestation de Greenpeace contre l'usage du charbon en Allemagne, jusque sur l'estrade où il prononçait son discours.

Il a dû se justifier de l'obligation dans laquelle le maintenait sa politique de maintenir ce recours au charbon.

La puissance installée allemande en éoliennes et panneaux photovoltaïques est pourtant supérieure à celle du parc nucléaire français, avec 72.5GW installés (contre 63.1GW nucléaires en France).

Mais son intermittence ne lui permet qu'une maigre participation au piètre résultat de 40% d'électricité décarbonée, contre plus de 90% en France et pose la question de l'utilisation des plus de 20 milliards d'euros annuels de surcoût de ses énergies renouvelables, dans ce combat pour le climat.

Cet argent public, lui, n'étant pas renouvelable.


Des signaux d'alerte

Le Vice Président de la Commission européenne, A.Tajani avait accusé le développement des énergies intermittentes d'être responsables d'un massacre industriel systématique.

Dans la crise que traverse l'Europe, les surcoûts de sa politique énergétique portent, en effet, une lourde responsabilité sur la perte de compétitivité de ses entreprises et menace même la sécurité de son approvisionnement en électricité.

Le monde entier s'est mobilisé sur le thème de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, élevée au rang de priorité absolue. Des sommes sans précédent lui sont consacrées.

Au moment où l'Allemagne prend la mesure de son erreur, l'obstination à suivre ses traces peut être lourde de conséquences.





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