Une île de Sein en autonomie électrique renouvelable ?

Auteurs :
Hubert Flocard et Jean-Pierre Le Gorgeu
Publié le 15 janvier 2018
Une île de Sein en autonomie électrique renouvelable ?
Hubert Flocard et Jean-Pierre Le Gorgeu ont étudié les possibilités d'approvisionner les populations de l'Ile de Sein avec de l'électricité produite par des sources renouvelables https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/SeinRenouvelable.pdf



 
Voici le résumé de l'étudeL’île de Sein, un petit territoire au ras des flots, une population très faible, surtout l’hiver, jusqu’ici approvisionnée en électricité par des diesels au tarif pratiqué sur le continent, au nom d’une péréquation tarifaire au financement assuré par l’ensemble des français à travers la Contribution au Service Public de l Électricité (CSPE). Tout semblait devoir perpétuer un dispositif favorable à l’île et sa population.
Oui mais voilà, cadeau « royal » tombé du ciel, la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) est intervenue et la Programmation Pluriannuelle de l’ Energie 2016 (PPE) dans son volet relatif aux Iles du Ponant fixe pour l’île de Sein un objectif d’autonomie énergétique : 50% d’énergies renouvelables (EnR) en 2023, 100% en 2030.
De quoi obliger à se mobiliser une EDF jusqu’ici restée dans une expectative prudente : mise en place d’un dispositif basé sur des panneaux photovoltaïques, une éolienne, une batterie au lithium, le tout géré par un dispositif de pilotage dit EMS.


Cette étude s’est attachée à évaluer la pertinence des objectifs fixés par la PPE, avec comme données d’entrée la consommation de l’île fournie par EDF sur son site « Iles du Ponant », des indications portées par un panneau EDF visible sur l’île, ainsi que l’analyse de 2 années de production électrique bretonne réalisée antérieurement.

Les conclusions sont les suivantes :
Pour limiter à 50 % la production diesel, il faudrait soit des panneaux solaires et des éoliennes dont la production serait en moyenne annuelle égale à 50 % de la consommation de l’île et disposer en plus de 28 batteries du type de celle qui va être installée sur l’île (170 kWh de capacité) afin de stocker puis restituer l’énergie, soit installer des moyens permettant une production renouvelable équivalente à 60 % de la consommation en acceptant d’en gaspiller 1/6ème . De toute façon dans ces deux cas, la difficulté de la tâche de « béquille des renouvelables » qui sera alors impartie aux groupes diesels serait sans commune mesure avec celle à laquelle ils sont aujourd’hui confrontés et probablement insurmontable par les machines actuellement sur l’île.

Pour un taux de 100%, il faudrait une production renouvelable équivalente à 300 % de la consommation dont on gaspillerait les 2/3 et, en plus, avoir recours à 800 batteries. Sans batteries, l’objectif est tout simplement inatteignable quelle que soit la puissance renouvelable installée.

L’objectif d’un taux de couverture de 50% serait donc très coûteux à atteindre et celui de 100% est totalement irréaliste. Il est probable qu’EDF privilégiera plutôt le maintien de l’équilibre d’un réseau fragilisé par l’injection massive d’ EnR et cherchera à optimiser le fonctionnement des diesels.
Il ressort de l’étude que le problème du stockage quand on veut développer l’usage d’ EnR intermittentes dans de petits territoires aux réseaux par essence déjà fragiles a été complètement sous-estimé par la PPE.
Les îliens ne sont pas près de pouvoir se passer de diesels ni de s’affranchir de la solidarité nationale.

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