par Louis Marin
Depuis de nombreuses années, la corruption et les prises illégales d’intérêt dans l’éolien terrestre sont dénoncées par les écologistes protecteurs de l’environnement et des paysages.
En 2014, le Service Central de Prévention de la corruption (SCPC) du Ministère de la Justice, remplacé aujourd’hui par l’Agence Française Anticorruption (AFA), avait alerté dans son rapport d’activité sur l’essor très important des prises illégales d’intérêt dans l’éolien. Un grand nombre de condamnations d’élus sont, d’ailleurs, aujourd’hui recensées. Puisque l’éolien terrestre fait l’objet d’une acceptabilité sociale très faible, le plus simple pour les porteurs de projet éolien est de proposer aux élus d’installer les éoliennes dans leur village sur leurs terres ou celles de leur famille.
En 2014, le Service Central de Prévention de la corruption (SCPC) du Ministère de la Justice, remplacé aujourd’hui par l’Agence Française Anticorruption (AFA), avait alerté dans son rapport d’activité sur l’essor très important des prises illégales d’intérêt dans l’éolien. Un grand nombre de condamnations d’élus sont, d’ailleurs, aujourd’hui recensées. Puisque l’éolien terrestre fait l’objet d’une acceptabilité sociale très faible, le plus simple pour les porteurs de projet éolien est de proposer aux élus d’installer les éoliennes dans leur village sur leurs terres ou celles de leur famille.
A
cet égard, on retiendra que ce scandale n’en finit pas de se
développer. Le Tribunal correctionnel d’Arras vient de condamner le 28
novembre 2017 un maire, ayant mis des éoliennes sur ses terres, à 50.000
euros d’amende et le procureur de la République près le Tribunal
Correctionnel de Laon vient de demander l’inéligibilité et la saisie des
130.400 euros déjà touchés par un élu d’un village qui avait installé
les éoliennes sur ses terres.
L’éolien côtier ne connait pas le
même mode d’absence de probité, voire de corruption. En effet,
l’implantation des éoliennes étant réalisée dans les eaux territoriales,
il n’y a pas d’élus concernés à titre personnel sur ses propres terres.
Il est donc beaucoup plus difficile de dévoiler et de découvrir des
faits potentiels d’atteinte à la probité, de favoritisme ou de
corruption.
Cependant, en mai 2015, c’est
Médiapart qui dévoile avoir découvert une potentielle première affaire
de corruption dans l’éolien côtier dans le cadre du projet de centrale
éolienne au large du Tréport porté par GDF-SUEZ, aujourd’hui ENGIE. Selon
des documents réunis par Médiapart, GDF Suez (désormais baptisé Engie)
aurait versé de copieux honoraires à un mandataire judiciaire pour
obtenir son vote, lors d'un conseil d'administration décisif, dans le
but de répondre au second appel d'offres de l'État sur l'éolien
offshore. Selon le site d’investigation, une information judiciaire pour
corruption active et abus de biens sociaux a été ouverte par le parquet
de Montpellier. C’est dans ce contexte, pour le moins incroyable, que
les défenseurs des Iles d’ Yeu et Noirmoutier, qui luttent contre
l’implantation de 62 aérogénérateurs entre les deux iles, ont fait une
découverte pour le moins saisissante.
En effet, ce projet de centrale éolienne
constitue le projet jumeau de celui du Tréport et est également porté
par un consortium intitulé EMYN, dont ENGIE est un actionnaire
prédominant. Alors qu’en mai 2017, le consortium industriel a déposé
auprès de la Préfecture de Vendée les demandes d’autorisation
d’occupation du domaine public maritime, le préfet de Vendée annonce en
novembre 2017 qu’il sera organisé aux mois d’avril et mai 2018 une
enquête publique concernant ce projet pour recueillir l’avis des
habitants.
Dans
le cadre de cette enquête publique, la commune de Noirmoutier en l’Ile a
été amenée, par une délibération du conseil municipal, à donner un avis
sur ce projet. Lors du conseil municipal du 19 décembre 2017, ce
dernier a clairement donné un avis favorable au projet au titre de la
demande d’occupation du domaine public maritime présenté par le
consortium porté par ENGIE. Là où le dossier devient pour le
moins inquiétant c’est que quelques semaines auparavant, lors du conseil
municipal du 12 septembre 2017, en pleine période d’étude du dossier
par la préfecture et alors que le projet de parc éolien est au cœur de
l’actualité, la commune de Noirmoutier a accepté de recevoir une somme
de 2 000 euros au titre d’un partenariat lié à un festival de musique
entre la commune de Noirmoutier et la société porteuse du projet éolien.
Dans la délibération, il est mentionné que ce partenariat a été
sollicité par la commune et que la société EMYN pouvait être présente
sur les outils de communication.
Lors de ce conseil municipal de
septembre 2017, alors qu’un élu d’opposition s’étonnait d’une telle
pratique estimant : « que ce n’était pas une manière respectueuse de
procéder, d’autant plus que le sujet des éoliennes étaient un sujet
sensible », le maire de Noirmoutier en Ile, Monsieur Noël Faucher, par
ailleurs docteur en droit, devait lui répondre ; « Il n’y a pas lieu de
se draper dans sa dignité pour des choses si peu importante » (sic).
Il est particulièrement choquant qu’une commune ose s’associer
financièrement avec un promoteur éolien à l’égard duquel il devra,
presque que concomitamment, donner un avis important et déterminant dans
le cadre d’une enquête publique.
Alors que cette pratique est pour le
moins extrêmement choquante, dans ce cadre, et à ce stade de la
procédure, selon nos informations le collectif « Touche pas Nos iles » a
décidé de déposer plainte auprès du procureur de la République contre X
pour des faits potentiels de corruption active ou passive, ou trafic
d’influence, et a demandé l’ouverture d’une enquête préliminaire afin
d’enquêter sur les liens qui pourraient exister dans ce contexte entre
certains élus et le promoteur éolien et les raisons qui ont amené les
élus de Noirmoutier à accepter un tel partenariat à un tel moment de la
procédure d’instruction du dossier. Est-ce l’arbre qui cache la forêt ?
Dans ce contexte, comment la mairie de
Noirmoutier aujourd’hui contesté par les habitants de l’Ile qui refusent
ce projet, pourra -t-elle être objective dans la mesure où elle reçoit
des subsides du promoteur éolien ? C’est l’ensemble de l’enquête
publique sur Noirmoutier qui, nous semble-t-il, est remise en cause par
une telle pratique. Compte tenu de la gravité des faits dans un tel
contexte, le préfet de Vendée a également été saisi de l’affaire ainsi
que l’Agence Française Anticorruption.
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