21/01/2018
L’équipe du Goddard institute for space studies de la Nasa et de l’Université Columbia de New York qui analyse les températures mondiales vient de publier celles du mois de décembre 2017. Et donc mis à jour ses graphiques qui permettent de visualiser cet indicateur précieux mais parfois délicat à interpréter du changement climatique en cours. Il s’agit des températures de l’air à un mètre au dessus des sols et celle de la surface des océans. L’analyse de ces températures permet d’en dresser une carte mondiale et d’obtenir également une moyenne mondiale.
► Voici donc la carte des températures en décembre, durant les trois derniers mois de l’année et sur l’ensemble de 2017. Avec un écart à la moyenne climatologique calculée sur 1950/1980 de 0,89°C en décembre, et 0,90°C sur l’ensemble de l’année, 2017 pointe au deuxième rang des années les plus chaudes depuis le début des relevés thermométriques (la série commence en 1880).
Parmi les caractéristiques de l’année 2017, il faut relever tout d’abord l’absence de fort El Niño dans le Pacifique tropical. Ce phénomène périodique est l’une des causes des années les plus chaudes. Sur ces cartes, il se manifeste sous la forme d’une bande rouge – indiquant des températures plus élevées que la moyenne climatique – au large du Pérou, accompagné en général d’une zone froide, en bleu, du côté de l’Indonésie. Or, rien de tel sur ces cartes. On observe même une situation presque inversée au dernier trimestre et surtout en décembre, comme si le Pacifique était en train de basculer en Niña, le côté « froid » du phénomène. Observer une température moyenne aussi élevée en ces circonstances est tout à fait remarquable, et significatif de la tendance séculaire au réchauffement, provoquée par nos émissions massives de gaz à effet de serre. On relève aussi la poussée vigoureuse des températures en Arctique. Et, en décembre, l’opposition entre des records de chaud en Sibérie et des températures en dessous de la moyenne ou presque au Canada et aux Etats-Unis d’Amérique.
► Le GISS a l’habitude de montrer les trois dernières années les plus chaudes dans un graphique. Sauf qu’il s’agit exceptionnellement… des trois dernières années calendaires. Poussée par un super El Niño, l’année 2016 tient un record qui devrait durer plusieurs années. Mais 2016 et 2017 sont en réalité ex-æquo, l’écart entre les deux étant de l’ordre de l’incertitude de la mesure (l’analyse de la NOAA inverse d’ailleurs le classement). La carte de 2015 et les températures de ses trois derniers mois montrent que El Niño s’est manifesté dès 2015 (la langue rouge sur le Pacifique tropical) pour se poursuivre jusqu’au milieu de 2016. Classiquement, les températures planétaires ont suivi avec un léger décalage temporel.
►Avec le dernier mois de 2017, il est donc possible d’afficher le graphique qui représente sous la forme d’une courbe l’évolution de la température planétaire moyenne depuis 1880 :
La courbe bleue indique la valeur en moyenne glissante sur 12 mois, tandis que les points noirs affichent la moyenne annuelle. La droite en vert intègre les données sur 1970/2017 sous une forme linéaire qui n’est pas très éloignée de la moyenne glissante sur 132 mois. Montrez cela à un climatologue et un géophysicien, demandez leur quel facteur de changement climatique peut exhiber une telle allure sur cette période, ils vous diront qu’ils n’en connaissent qu’un : l’évolution de la teneur en gaz à effet de serre de l’atmosphère, passée d’un peu moins de 320 ppm en 1960 à 404 ppm aujourd’hui.
Attention : pour cette courbe, les climatologues ont changé de référence climatologique et pris 1880/1920 au lieu de 1951/1980. Cela ne change bien sûr pas l’allure de la courbe, mais modifie la valeur de l’écart à la moyenne. L’intérêt ? La température de référence est alors très proche de celle qui est prise par les négociations diplomatiques dans le cadre de la Convention Climat de l’ONU. C’est relativement à cette base qu’il faut comparer les fameux « pas plus de 2°C », ou « pas plus de 1,5°C » de réchauffement de l’Accord de Paris signé en décembre 2015. Ce que dit ce graphique, c’est que pour les « pas plus de 1,5°C, c’est déjà hors de portée. Et que pour respecter les 2°C, il faut freiner fort et vite et durablement les émissions… lesquelles ont repris leur progression au plan mondial en 2017.
► Une autre manière de visualiser cette tendance est de se pencher sur les cartes des moyennes décennales des écarts de températures proposées par les climatologues :
►Si l’on veut saisir la différence entre les évolutions de court terme et la tendance au réchauffement de cet indicateur, on peut méditer sur ce tableau abstrait. Il ne pose qu’un problème : les climatologues qui ont décidé du code couleur il y a longtemps devraient le revoir, parce que du rose plus chaud que du noir, ce n’est pas très intuitif, même pour un daltonien. (Note : les V indiquent les éruptions volcaniques majeures qui refroidissent le climat, les m correspondent au minima solaires, les M aux maxima solaires, du cycle d’environ 11 ans et dont on voit qu’ils ne jouent qu’un rôle très mineur dans cette évolution).
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