Loire-Atlantique : deux conceptions de l’agriculture s’affrontent aux élections

 Nicolas de la Casinière 

Commentaire : du rififi chez les "y a que nous" exploitants agricoles qui prennent toute leur part dans le massacre des territoires ruraux en facilitant avec l' Etat et les Collectivités l'implantation de zones industrielles d'éoliennes, en multipliant les projets de méthanisation avec le concours de l' ADEME et des Chambres d'agriculture, en arrachant des haies, en transformant des prés en champs, etc. Le tout grâce à des subventions et des revenus garantis ...payés par le contribuable et le consommateur! 😂😡
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Les élections de renouvellement des chambres d’agriculture se terminent le 31 janvier. En Loire-Atlantique, les trois syndicats agricoles ont confié à Reporterre l’étendue de leurs divergences en matière de pratiques et de gestion.

Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Une cinquantaine de manifestants le 14 janvier dernier devant le siège nantais de la chambre d’agriculture protégé par un cordon de CRS, un mois après une action similaire devant une antenne de la chambre dans le sud du département. Terres communes, un collectif d’agriculteurs et de citoyens, proteste contre la reprise de 340 hectares d’un seul tenant par un gros paysan normand « au détriment de petits paysans locaux porteurs de projets ». En Loire-Atlantique, ce type d’action s’inscrit dans la ligne des luttes contre les accapareurs, menées dans les années 1970 par les Paysans travailleurs, l’ancêtre de la Confédération paysanne (la « Conf’ »). L’appel à la manif s’illustre d’une ferme usine derrière des barbelés, devant un parterre de souches d’arbres ratiboisées. 




La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), majoritaire à la chambre, crie au scandale dans les colonnes de son hebdo Loire-Atlantique agricole renommé Agri44. Mickaël Trichet, président de la FDSEA et gérant de la société Inf’agri 44, qui édite cet hebdo, s’y dit « écœuré, pour ne pas dire plus », et associe ses opposants à l’action en question et, au passage, à la liste de fermes-usines publiée en novembre par Greenpeace dont l’inventaire a été âprement contesté par la FNSEA.


« Un respect de la démocratie et du fait majoritaire accordé par le vote »
Mickaël Trichet met du même coup en cause la Confédération paysanne, le groupement des agriculteurs biologiques, et le dessin — aux « références nauséabondes » — d’appel à la manif : « Greenpeace fait de la délation, et la Confédération paysanne et l’association [le GAB 44, Groupement des agriculteurs biologiques] nous comparent à travers les dessins de leurs sites au nazisme », en ajoutant : « Nous avons décidé de contester toutes les structures qui feront de l’“agribashing” et qui nous trainerons dans la boue. C’est un point essentiel de notre programme aux élections à la chambre […] Nous nous retrouvons, nous, agriculteurs qui défendons toutes les agricultures devant d’autres soi-disant agriculteurs et associations qui prônent le retour à la préhistoire, les travaux à la main dans les champs, le refus de la modernité, le tout arrêt de pesticides sans période de transition. Les agriculteurs s’en souviendront dans les urnes.



Au sens propre, au figuré, voire au sens moins propre, la campagne bat son plein


« J’étais président des JA [Jeunes Agriculteurs], quand on a conquis la chambre en 2007, poursuit Mickaël Trichet. On a voulu lui donner le goût de l’indépendance, alors que les accompagnements techniques, cultures, suivi d’élevages laitiers et bovins, installations, avaient été abandonnés par la chambre. C’est vrai, ces services ne sont pas gratuits et il y a un bonus, une ristourne d’une heure gratuite de service, si les gens adhèrent [à la FNSEA]. Pour les demandes d’appui juridique, comme il y a besoin de plusieurs juristes pour confronter leurs options, et que ça coûte, on a mutualisé [entre la chambre et la FDSEA]. Mais non, il n’y a pas de distorsion de traitement : on n’a jamais refusé d’accompagner quelqu’un… Sur les problématiques de pollution à la dioxine, des éoliennes ou des sangliers, on s’est occupé de tous les agriculteurs, pas que ceux qui ont notre carte syndicale. »
Il n’y aurait donc pas de favoritisme, selon lui, « juste un respect de la démocratie et du fait majoritaire accordé par le vote. On n’a pas la même vision, pas la même bible politique que la Conf’. À la FNSEA, on accompagne l’agriculture bio mais on n’affiche pas forcément la sortie des phytos, on demande du temps pour une évolution, des alternatives… On n’est pas dans l’extrême ni pour l’arrêt de la protection des plantes que revendique le zéro phyto ».

Quand la Conf’ parle de « sortir des pesticides », la FDSEA préfère dire qu’il faut « mieux appréhender les produits phytosanitaires » et édite des fiches « guide phyto pour y voir clair ».
La chambre d’agriculture de Loire-Atlantique est menée par une majorité FNSEA depuis 2007, son score de 44,27 % des voix faisant alors basculer ce fief de la Confédération paysanne, syndicat né dans la continuité de Bernard Lambert et des Paysans travailleurs


« Il n’y a aucun pluralisme syndical »
Le scrutin de 2013 a confirmé cette avance au score avec 45,63 % à la liste FNSEA, 34,79 % à la Confédération paysanne et 19,58 % à la Coordination rurale. Ce qui a accordé 16 sièges à la FNSEA, trois à la Confédération, deux à la Coordination.
Élue Coordination rurale lors du dernier mandat, Catherine Laillé, éleveuse de porcs label rouge à Fégréac, centre ses critiques sur une gestion servant essentiellement les intérêts du syndicat majoritaire. Agri 44, le journal de la chambre lancé en août 2007 est payant [abonnement 174,50 € par an] et ne publie que les positions de la FNSEA : « C’est la pensée unique. On n’a jamais eu droit de parole dans ces colonnes. Nous sommes nous pour un journal gratuit, ouvert, où chaque expression syndicale aura sa place. » Même critique sur le conseil juridique aux agriculteurs : « Quand on sollicite la chambre pour un avis juridique, on tombe sur le conseil de la FNSEA. Ce n’est pas normal. Il n’y a aucun pluralisme syndical. » Quant à la transparence, l’élue d’opposition remarque que, dans les deux dernières années, les réunions intermédiaires entre les sessions plénières ont pratiquement disparu. « En session , on n’a que des chiffres globaux, les grandes lignes, alors qu’avant, on pouvait étudier des tableaux bien plus précis. Autre problème la subvention de 75.000 € par an votée par la chambre à la FNSEA-JA. Alors que nous, Coordination rurale, pour un congrès de producteurs laitiers, on nous a royalement octroyé 500 €… Soit il n’y a pas de subventions du tout, soit on les repartit au prorata des scores électoraux. »
Elle ajoute que « les techniciens de la chambre ne reçoivent que dans leurs bureaux. Pas normal non plus : il faudrait organiser des réunions sur le terrain, par secteur, par canton ».


  
Le siège de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique

Catherine Laillé estime que la chambre doit défendre les agriculteurs contre les « insupportables attaques des véganes et des “écolo-bobos”, et refaire du lien avec les consommateurs, par l’acte d’achat mais aussi par l’explication, et renouer avec les ONG, les néoruraux, organiser des réunions avec des films, des débats, des visites d’exploitations. La transparence sur les produits, on la doit au consommateur. C’est le rôle de la chambre de montrer le travail fourni par les différentes productions ».
Vis-à-vis des revirements de choix alimentaires dans les collectivités, Mickaël Trichet ne cache pas son agacement : « J’étais la semaine dernière avec une collectivité qui introduit un repas sans viande dans son projet d’alimentation territorial. Je suis très mécontent. On nous force la main, on va provoquer un affaiblissement de la filière. C’est le rôle de la chambre de défendre les agriculteurs, de faire de la pédagogie auprès de gens qui ne connaissent rien, ni les vertus économiques et sociales ni les impacts environnementaux… » 


«
Pour les gens de la FNSEA, ça semble insupportable qu’on puisse penser différemment d’eux »
Pour Dominique Deniaud, éleveur de vaches laitières bio à Vertou, et président de la Confédération paysanne 44, « le problème de la FNSEA est d’avoir depuis 2007 tout voulu gérer seule. Mais pour faire ça, il faut avoir des forces vives. S’il y a des électeurs, ça n’en fait pas des animateurs. Et sur certains domaines, comme les changements de pratiques au regard des enjeux environnementaux et climatiques, la chambre n’est pas toujours la mieux placée. Nous, on souhaite s’appuyer sur les structures déjà présentes, le GAB [Groupement des agriculteurs biologiques], les Civam [Centres d’initiative pour valoriser l’agriculture en milieu rural], pour la formation, mais aller plus loin, intégrer les Cuma [Coopératives d’utilisation de matériel agricole] dans les discussions, ou les services de remplacement des agriculteurs en cas d’accident… »
Quant au « point accueil installation », guichet unique de passage de tous les porteurs de projet en agriculture, il faudrait pour la Confédération paysanne qu’il « intègre le pluralisme syndical, et non pas en faire un point d’entrée dans le moule des FNSEA-JA… Ce n’est pas normal qu’on perde deux tiers, voire trois quarts des candidats qui devraient tous trouver un écho correspondant à leur type de projet ». La FNSEA, de son côté, reproche l’existence d’une structure bis d’accompagnement de projets agricoles, CAP44, mise en place par la Confédération paysanne, et qui lui rafle des marchés « grâce à des complaisances politiques dans les collectivités, faisant concurrence aux services de la chambre, et donc contraire à l’intérêt collectif », plaide Mickaël Trichet.
Pour Dominique Deniaud, l’accès à l’information semble contrarié par la gouvernance de la FNSEA qui « ne partage pas les travaux réalisés, observations, mesures, financées en partie sur des fonds publics ». Il a le même avis que la Coordination rurale sur l’hebdo Agri 44 : « C’est une information très partiale. Deux exemples : pas un mot, pas une annonce, pas de compte rendu sur la Fête de la vache nantaise, le plus gros événement agricole du département, qui rassemble quand même 50 à 60.000 personnes début septembre… Et quand on s’est retrouvé à cinq du département audités par la commission du Sénat sur les compensations agricoles, Agri 44 a réussi à ne montrer en photo que le représentant de la chambre et celui de la FDSEA, passant sous silence les autres, le responsable du Civam et nous, qui étions deux de la Conf’. Pour les gens de la FNSEA, ça semble insupportable qu’on puisse penser différemment d’eux. »


 

Le candidat de la Confédération paysanne ne serait pas hostile à une entrée des consommateurs au sein des conseils d’administration : « Qu’ils puissent entendre ce qu’on fait, ce qui obligerait aussi les agriculteurs à soigner un peu plus leur discours. »



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