8 février 2018
Commentaire : les margoulins de l'éolien, eux se frottent les mains... toute l'année!
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Les températures hivernales posent la question de l’isolation des logements, notamment des plus défavorisés. Si le gouvernement lance un plan de rénovation des « passoires énergétiques », l’association UFC-Que Choisir révèle que le secteur souffre d’une « fulgurante recrudescence des pratiques commerciales nocives ».
Après un mois de janvier exceptionnellement chaud, la neige a recouvert une bonne moitié Nord du pays d’un épais manteau blanc, plongeant des dizaines de milliers de foyers mal isolés dans un froid de saison. Quand les toitures, les cloisons et les fenêtres laissent passer les bourrasques, le paradis neigeux se transforme en enfer glacial. Et si les fantassins du flocon, les accros de la glisse et les sculpteurs de glace se réjouissent de la météo, d’autres voient le mercure diminuer avec appréhension.
En France, d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les trois quarts du parc de logement se situent dans les classes énergétiques D, E ou F. Autrement dit, des passoires énergétiques. Résultat, sept millions de logements sont mal isolés en France et plus d’un ménage sur dix a froid en hiver. Pour faire face, le gouvernement s’est fixé un objectif ambitieux : rénover 500.000 logements aussi bien privés que publics par an pendant le quinquennat. Nicolas Hulot le répétait en novembre dernier, « il n’y aura plus de précarité énergétique d’ici dix ans ».
Seulement patatras ! Mercredi 7 février, l’association UFC-Que Choisir a lancé une belle boule de neige à la tête du Plan national de rénovation énergétique. « Les ambitions gouvernementales sont fortement compromises par une fulgurante recrudescence des pratiques commerciales nocives, observe le président Alain Bazot. Que ce soit au moment du démarchage, avec des techniques abusives, ou au moment du rendu des travaux, mal faits ou plus coûteux qu’annoncé, cela va finir par décourager les gens de se lancer dans la rénovation. »
« La rénovation énergétique est le nouvel eldorado des commerciaux »
Alertée par une envolée des litiges liés aux travaux de rénovation depuis fin 2016, l’association a rendu publique une étude sur les pratiques pernicieuses en cours dans le secteur, et en premier lieu le démarchage. En neuf mois, les antennes locales du réseau de défense des consommateurs ont reçu plus de 250 personnes rencontrant des difficultés à la suite d’un démarchage par une entreprise de construction. L’association évalue le montant total du préjudice à plus de 3,7 millions d’euros, au détriment des citoyens, notamment des plus vulnérables qui représentent 8 % des dossiers.
« Après la téléphonie mobile, la rénovation énergétique est le nouvel eldorado des commerciaux », estime Évelyne Gaubert, représentante de l’ UFC dans la Sarthe, qui précise que plus d’un consommateur sur trois a déjà été démarché. Un tiers des litiges concerne les pratiques de démarchage, un quart touche au non-respect du droit de rétractation, et plus de 40 % se rapportent à des travaux moins rentables qu’annoncés. L’association a publié une liste des 10 entreprises pour lesquelles elle reçoit le plus de signalements de litiges :
BT CONCEPT-ECO ;
SOLUTION ECO ENERGIE (SOLECO) ;
IMMO CONFORT ;
TECHNITOIT ;
ECO ENVIRONNEMENT ;
GROUPE SWEETCOM ;
ECO GROUPAGE ;
AVENIR ENERGIE ;
HPS ENVIRONNEMENT ;
SOLAR CLIM SYSTEM (SCS).
« À la fin des années 2000, toute personne qui avait de la tchatche et qui voulait se faire de l’argent se lançait dans le photovoltaïque »
Surtout, l’étude de l’ UFC dénonce le « duo infernal de compères entre démarcheurs et banquiers » : « Il existe une complicité des banques avec ce système de démarchage, car elles assurent le financement des opérations menées par les entreprises via des contrats de crédit », explique Matthieu Robin, spécialiste de la question à l’UFC-Que Choisir. « Au sein de ce désolant palmarès, précise le rapport, les filiales de BNP Paribas (Solféa, Cetelem, Sygma banque, Domofinance) se distinguent en concentrant, à elles seules, près des deux tiers des financements des opérations litigieuses recensées par l’UFC-Que Choisir depuis 2007. » L’ écoprêt à taux zéro, deux fois moins rentable pour les établissements bancaires mais plus avantageux pour le citoyen, ne serait proposé qu’une fois sur sept.
Parmi les activités concernées par ces pratiques dommageables, l’installation de panneaux photovoltaïques arrive en bonne place. Ce qui n’étonne guère Jean-Louis Gaby, qui a officié pendant de longues années avant de prendre sa retraite. « À la fin des années 2000, toute personne qui avait de la tchatche et qui voulait se faire de l’argent se lançait dans le photovoltaïque, se rappelle-t-il. Les aides et les incitations fiscales rendaient le marché attractif et juteux. Tous les vendeurs d’aspirateurs se sont lancés là-dedans. » Or, après un coup de frein en 2010, le marché semble reparti à la hausse depuis fin 2016… et les mauvaises habitudes ont repris. « Les grosses entreprises écrasent les artisans, elles importent les matériaux en masse, cassent les prix, sous-traitent les travaux et font l’installation en deux jours, décrit M. Gaby. Le travail bien fait se fait rare. »
Pour ne pas se faire avoir, Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables, rappelle qu’un label existe pour les professionnels de la rénovation énergétique, le certificat « RGE - reconnus garant de l’environnement », et qu’il existe des conseillers indépendants, notamment ceux de l’Ademe, qui peuvent accompagner celles et ceux désirant avoir plus chaud chez eux sans consommer plus d’énergie.
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