Hong-Kong
06/01/2019
Commentaire : (...) "Les besoins en électricité du pays croissaient de 10% par an et les villes étaient noyées sous le smog, poursuit-il. L’énergie nucléaire représentait une solution simple et efficace pour résoudre ces problèmes.» [...] «Avoir un programme nucléaire, surtout si celui-ci est à la fois militaire et civil, permet de rejoindre le club des grandes puissances mondiales."
Tout est résumé!
Et pendant ce temps là en France...
php
Alors que le reste du monde se détourne de cette forme d’énergie, Pékin ne cesse de construire de nouvelles centrales. Une façon de lutter contre le smog et de soutenir la croissance.
Fin décembre, le prix de l’uranium atteignait 29 dollars la livre, une hausse de 41% depuis avril. Cet étrange sursaut du prix d’une commodité largement délaissée depuis la catastrophe de Fukushima, qui a mis en lumière les dangers du nucléaire, est dû à un seul acteur : la Chine. Alors que le reste du monde – le Japon et l’Allemagne en tête – se détourne de cette forme d’énergie, l’Empire du Milieu mise tout dessus.
«La Chine est désormais le troisième producteur mondial d’électricité nucléaire, derrière les Etats-Unis et la France, indique Mycle Schneider, qui produit chaque année le rapport World Nuclear Industry Status. Mais elle est surtout à l’origine de la majorité des nouveaux réacteurs mis en service.» En 2018, il y en a eu neuf, dont sept en Chine. A la fin de l’année, le pays disposait de 46 installations de ce type et en avait une douzaine d’autres en construction. «Cela va lui permettre de rattraper la France, dont le parc nucléaire compte 58 réacteurs», note l’expert.
Lire aussi: Comment la Chine soigne ses villes malades
Accélération sous Xi Jinping
Le programme nucléaire chinois a démarré en 1985. «Mais jusqu’au début des années 2000, seules trois centrales ont été construites, souligne Mark Hibbs, auteur d’un livre sur ce thème. Il a fallu attendre 2005 pour que le pays se mette vraiment à investir dans cette technologie, sous l’impulsion du premier ministre Wen Jiabao.» A son arrivée au pouvoir en 2012, le président Xi Jinping a accéléré le processus. «Les besoins en électricité du pays croissaient de 10% par an et les villes étaient noyées sous le smog, poursuit-il. L’énergie nucléaire représentait une solution simple et efficace pour résoudre ces problèmes.»
Il s’agit aussi d’une question de prestige. «Avoir un programme nucléaire, surtout si celui-ci est à la fois militaire et civil, permet de rejoindre le club des grandes puissances mondiales», glisse Mark Hibbs. Pour vraiment jouer dans la cour des grands, Pékin se devait toutefois de développer sa propre technologie.
Savoir-faire chinois
«La Chine a commencé par acheter des réacteurs nucléaires aux Etats-Unis, à la France, au Canada et à la Russie, puis a investi des sommes importantes dans la recherche & développement pour répliquer ces technologies, explique Mycle Schneider. Elle possède désormais le savoir-faire et les capacités industrielles pour produire un réacteur de A à Z. Ses usines sont même capables de forger certaines pièces – telles que les cuves – qui ne peuvent plus être produites aux Etats-Unis.»
Voir aussi: Comment démonte-t-on une centrale nucléaire?
En septembre, la centrale Sanmen-1, à Zhejiang, sur la côte est, est devenue la première du monde à mettre en service le réacteur de troisième génération AP1000 de l’américain Westinghouse Electric. Trois mois plus tard, la centrale Taishan-1, dans le Guangdong, déployait pour la première fois le réacteur EPR du français Areva.
Une installation est en outre en construction dans le Fujian, dans le sud-est du pays, pour mener des essais sur le Hualong One, le premier réacteur entièrement chinois. Développé par les firmes étatiques China General Nuclear Power Group (CGNPG) et China National Nuclear Corporation (CNNC), il est largement inspiré par le design de l’ EPR français.
Ces avancées donnent des sueurs froides aux Occidentaux, qui craignent de se faire ravir leurs technologies par Pékin. Cet été, l’Allemagne a empêché le chinois Yantai Taihai Group de racheter l’équipementier Leifeld Metal Spinning, dont les machines peuvent servir à fabriquer des composants pour les centrales nucléaires. En octobre, les Etats-Unis ont imposé des restrictions sur l’exportation de matériel nucléaire civil à la Chine.
Des résistances à l’atome
Reste que l’avenir du nucléaire n’est pas non plus assuré dans l’Empire du Milieu. «L’économie a ralenti, ce qui diminue les besoins en énergie, relève Mark Hibbs. L’industrie nucléaire est également en compétition avec celle du charbon, qui emploie des millions de mineurs et bénéficie du soutien du Parti communiste.» A l’heure actuelle, le nucléaire ne représente que 3,9% de la production énergétique chinoise, contre plus de 70% pour le charbon.
La catastrophe de Fukushima a aussi secoué les esprits. Fin décembre, les habitants d’un quartier de Changsha, dans le Hunan, ont protesté contre la construction d’un laboratoire nucléaire, craignant les effets de la radioactivité sur leur santé.
Pékin cherche donc désormais à exporter son savoir-faire nucléaire. Plusieurs centrales chinoises sont en construction au Pakistan. Un tiers du capital investi dans le futur complexe de Hinkley Point, au Royaume-Uni, est d’origine chinoise. Le pays va également fournir des centrales à l’Algérie, à l’Argentine, au Soudan, au Kenya, à l’Afrique du Sud, à la Roumanie et à la Turquie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire