Participons au grand Débat !
Le Président de la République vient de lancer un grand débat national, dont l’une des rubriques concerne la transition écologique. Comme il fallait s’y attendre, ce débat a été critiqué de toute part avant même son lancement et il est impossible de prévoir quelles conséquences il aura. Mais ce serait stupide de rater cette occasion de nous exprimer. Comme disait Guillaume d’Orange : “Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre...”
La principale revendication devrait être d’amender la loi de transition énergétique pour une croissance verte, LTECV, votée en 2015 suite aux tractations de l’ancien Président François Hollande avec les Verts pendant la campagne 2012. Même si Nicolas Hulot en a repoussé l’échéance, l’objectif de réduire à cinquante pour cent la part du nucléaire dans le mix électrique en y substituant un mélange d’éolien, de solaire et de gaz est à la fois ruineux et mauvais pour l’environnement. Vous pourrez trouver tous les arguments en ce sens dans deux publications très récentes. D’abord le dernier numéro des Annales des Mines, dont je vous cite un extrait de l’introduction :
Précisons notre propos. En matière d’environnement, veut-on d’abord réduire les émissions de CO2 ou veut-on d’abord réduire la part du nucléaire dans notre mix ? Comme on le verra dans plusieurs des articles composant ce numéro de “Responsabilité & Environnement”, ces deux objectifs sont largement inconciliables une fois que l’on a compris qu’à cause des (stupides ?) lois de la physique, c’est une chimère de croire que l’on pourra se passer totalement des combustibles fossiles et/ou du nucléaire, quel que soit le prix que l’on consentirait à y mettre. Au fil de ce numéro des Annales des Mines, le lecteur mesurera concrètement les conséquences de ce que la demande d’électricité n’est pas de l’énergie (kWh), mais de la puissance (kW) – “je veux que la lumière s’allume quand j’appuie sur l’interrupteur et non savoir quand on pourra m’envoyer de l’électricité”. Dès lors, les différents moyens de production ne sont pas équivalents : les kWh issus des centrales pilotables qui peuvent produire “à la demande” ont pour le consommateur une valeur d’usage évidemment bien supérieure à celle dont la production dépend de facteurs que l’on ne maîtrise pas, comme le vent ou le soleil ; et cela même si, en définitive, leur coût de production au kWh est identique, voire inférieur. Plusieurs articles expliquent ainsi pourquoi on ne pourra jamais totalement remplacer des installations de production pilotables (comme les centrales thermiques à combustible fossile ou nucléaire, les centrales hydrauliques à réservoir ou les centrales alimentées par de la biomasse ou des déchets) par des centrales intermittentes (comme l’éolien ou le photovoltaïque), dont la production fluctue au rythme du vent et du soleil. Si l’on veut diminuer le nucléaire, il faudra garder une part de centrales pilotables, et l’on retombe aujourd’hui inexorablement sur les centrales à combustibles fossiles qui, en l’état actuel de nos connaissances, ont seules le potentiel suffisant pour répondre en temps réel à la demande, mais avec comme conséquence une augmentation de nos émissions de CO2. Le second document est un livre écrit par d’anciens ingénieurs du CEA sous l’égide du GR21 de la Société Française d’ Energie Nucléaire, dont je vous cite un extrait des conclusions :
La LTECV et la PPE 2018/2023 doivent être profondément remaniées en amont de l’élaboration de la PPE 2024/2028. Les conclusions de la Commission Particulière du Débat Public (août 2018) sur la PPE 2024/2028, à la suite de la consultation du public d’avril à juin 2018, sont cependant très décevantes. Bien qu’observant une forte demande de révision de la LTECV, cette commission se contente d’observer que la demande du ministère se limite à un avis sur les moyens d’en respecter tous les objectifs, même intenables(*).
La commission insiste ainsi sur un programme de fermeture anticipée de réacteurs nucléaires avant 2028 et cautionne la poursuite d’un développement accéléré, couteux et inefficace du point de vue climatique, du solaire et de l’éolien sur la France continentale.
De plus la politique européenne, qui présente les mêmes défauts que la politique Française, doit être révisée, en opposition avec la domination de l’idéologie antinucléaire Allemande.
L’Assemblée nationale devrait se saisir de l’ensemble de notre politique énergétique en s’appuyant sur des autorités scientifiques (académies des sciences, des technologies, de médecine) et sur l’expertise de notre industrie nationale. Elle doit s’appuyer sur une évaluation, indépendante du ministère, des résultats de la LTECV et de la PPE et de leurs coûts pour la nation.
Un bon résumé se trouve aussi dans l’article suivant de Francis Sorin dans La Tribune à lire ici.
(*)C’est ainsi que l’objectif de 50 % de nucléaire en 2025 a été jugé intenable par le ministre lui-même et que nos objectifs 2020 et 2023 sont déjà souvent hors de portée.
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