USA: Voyage dans les Plaines, au temps des Indiens, fin




 C'est ainsi que prend fin notre "voyage" dans les Plaines au temps des Indiens.

"Faites vivre votre passion, elle vous réchauffera quand le monde deviendra froid"

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Le prisonnier Geronimo (76 ans) placé en résidence surveillée, en 1905.



La vie sur les réserves
Les peuples nomades des Grandes Plaines ont fait connaissance avec la vie sur les réserves après les traités de Medecine Lodge (1867) et de Fort Laramie (1868). Pour des peuples d'horticulteurs, cela s'était passé dès les années 1850. La vie évolua sur les réserves au fil des lois votées par le Congrès, qui réduisirent les dimensions desdites réserves et affectèrent l'existence des Indiens qui y résidaient. Pour les peuples nomades, le creux de la vague se situe en 1887, quand le gouvernement fédéral leur imposa des programmes de lotissement individuel sur leur réserve. Au XXe siècle, un nombre significatif d' Indiens des Plaines quittèrent leurs réserves pour gagner les grandes villes et profiter des opportunités offertes par l'urbanisation des États-Unis mais, situées au cœur même de leurs territoires ancestraux, les réserves (ou ce qu'il en reste) continuent d'exercer sur eux une forte attraction.


Le gouvernement fédéral a créé des réserves pour mettre les Indiens des Plaines à l'écart, solutionner la «question indienne», maintenir la paix dans l'Ouest, et apaiser du même coup les électeurs des États de la région et les groupes de pression de l'Est. Il s'est servi de ces réserves pour assimiler (américaniser) les Indiens. Il ne les a pas créés pour leur bien. Ainsi, pour les premières générations de résidents, la vie sur les réserves avec son cortège de souffrances, de misère et de détresse, fut l'équivalent de la «piste des larmes» pour les Cherokees.


Bien sûr les réserves n'étaient pas des prisons. Les peuples des Plaines s'adaptèrent assez rapidement à cette nouvelle vie. Malgré tout, ils continuaient à vivre loin des agglomérations, chassaient ou piégeaient pour se nourrir ou vendre les peaux, et ne se rendaient à l'agence des Affaires Indiennes que pour commercer ou s'approvisionner. La politique du gouvernement limitait leur mobilité, leur autonomie et leur liberté religieuse, mais ils ne renoncèrent pas pour autant à leurs systèmes traditionnels, de croyances, de cérémonies, de chants, de danses et autre manifestations culturelles. Quand cela était nécessaire, ils acceptaient des compromis culturels qui allaient dans le sens du mode de vie que les Blancs souhaitaient leur voir adopter. Mais, des changements ne tardèrent pas à se produire.


Les Blancs partisans du système des réserves soutenaient qu'ils allaient changer des chasseurs nomades («Raiders») en cultivateurs et éleveurs sédentaires. Leurs enfants seraient instruits dans des écoles et des missionnaires leur apporteraient la religion chrétienne. Ils affirmaient même que les réserves feraient évoluer le système tribal et l'Indien lui-même. Et, ils avaient raison.


La vie sur les réserves provoqua des transformations majeures. Des pans entiers de la culture des Plaines s'effondrèrent. Two Leggings, un guerrier crow qui vécut encore quarante ans après le regroupement de son peuple sur une réserve :


 «Il ne s'est plus rien passé après ça. Nous n'avons fait que vivre. Il n'y avait plus de partis de guerriers, plus de chevaux piegans et lakotas à capturer, plus de bisons à chasser. Il n'y a plus rien à raconter».


Les économies fondées sur la chasse disparurent les premières, et rapidement. Après le milieu des années 1870, il restait si peu de bisons que la chasse ne commandait plus le déroulement des saisons des activités des villages et des bandes. Les femmes n'avaient plus à tanner les peaux, sécher la viande, tailler et coudre les vêtements, fabriquer les tipis, façonner les outils et autres ustensiles dans les carcasses des bisons. Elles perdirent du même coup une des sources de leur pouvoir et de leur influence. Les soladités masculines étaient condamnées à jouer de nouveaux rôles ou à disparaître. Les hommes n'étaient plus chasseur et n'étaient plus guerrier. Le système politique changea. Les chefs de guerre n'avaient plus lieu d'être, et les chefs civils ne pouvaient pas rivaliser avec l'agent des Affaires Indiennes qui contrôlait la distribution des rations, et surtout, l'attribution de bétail sur pied. Les agents usèrent et abusèrent de leur autorité et de leur pouvoir pour faire et défaire les chefs jusqu'à ce que la question de la chefferie devienne confuse, sapant ainsi le système traditionnel de direction et d'administration des communautés indiennes. Les Indiens continuaient d'élire des conseils tribaux qui tenaient des réunions, faisaient des lois, nommaient des juges, mais ces lois et ces décisions étaient soumises à l'approbation des fonctionnaires du bureau des Affaires Indiennes. Aussi, elles n'avaient que peu d'importances. Raids et contre-raids ayant cessé, les sociétés des guerriers devinrent inutiles. Les fraternités qui avaient fourni jusqu'à là aux hommes des expériences et des objectifs communs, disparurent. Sans guerre, ils avaient perdus une de leurs raisons de vivre. Le chemin d'accès à la richesse et aux honneurs n'étant plus la réussite lors des raids et des combats, tout un système d'acquisition de statut social s'effondra. Il fallait donc trouver de nouvelles voies conduisant à la reconnaissance, aux honneurs, à une position sociale et au leadership, au sein de la communauté.


Les relations sociales changèrent. Ainsi, chez les Lakotas les relations au sein des tiyospes (familles étendues) évoluèrent. Auparavant, tous les membres d'une tiyospe campaient ensemble et constituaient une bande familiale, s'entraidant, augmentant ainsi leur potentiel économique et guerrier, et donc leur bien-être. Au début, l'organisation ne changea guère, les familles nucléaires composant une famille étendue choisirent généralement ou se virent attribuer, des lots de terres contigus, et décidèrent souvent de camper sur le même lot. Mais, le gouvernement fédéral découragea (souvent de façon insistante) ces pratiques et finit par avoir raison du système traditionnel, chaque famille nucléaire s'installant sur un lot individuel et devenant de plus en plus indépendant. Ces nouvelles conditions de vie sur les réserves entraînèrent la lente, mais inévitable, disparition des traditions familiales au quotidien dans un premier temps puis des mémoires, dans un second temps.


La vie spirituelle changea également. En 1883, par sa circulaire intitulée The Code of Religious Offenses (Code des délits religieux), le gouvernement fédéral interdit, ou réglementa, pratiquement toutes les danses. Il mit la danse du Soleil hors-la-loi ce qui eut pour effet de la faire disparaître ou de la condamner à la clandestinité. Sur des réserves elle devint une sorte de spectacle estival, de reconstitution historique. Elle cessa de constituer le cœur de l'expérience spirituelle d'une vingtaine de peuples des Plaines, d'assurer leur unité religieuse et de préserver leur intégrité tribale. Chamanes et prêtres, qui après 1883, s'exposaient à être emprisonnés s'ils poursuivaient leurs activités, moururent sans avoir pu transmettre leur savoir. À noter, que cette politique religieuse pratiquée par le gouvernement, à travers son Code, était en contradiction formelle avec les principes de liberté religieuse et de la séparation de l'Église et de l'État.


Le système éducatif évolua lui aussi. Auparavant, grands-parents, tantes et oncles se chargeaient d'une éducation qui consistait pour les filles à apprendre à gérer un foyer, et pour les garçons à se préparer à être un homme dans une société de chasseurs. Sur les réserves, des écoles gérées par des Blancs firent leur apparition, enseignant, entre autres matières, l'arithmétique, l'anglais, la lecture et l'écriture. Ce tout comme une «Valeur» susceptible de remplacer les idéaux des Indiens. Beaucoup de jeunes Indiens quittèrent leurs réserves pour rejoindre des pensionnats où on commençait par leur couper les cheveux et par les habiller à l'européenne. Lone Wolf, un Pied-Noir :

 « Ils nous ont pris toutes nos affaires (…) ils en ont fait un tas et ils y ont mis le feu. [Puis ils nous ont coupé nos] cheveux longs, la fierté de tous les Indiens (…). L'un après l'autre, nous nous sommes effondrés et nous avons pleuré en voyant nos nattes tomber à terre».


° Les éclaireurs Pathfinders Mohawk chargés de baliser les zones de parachutages et d'atterrissage de planeurs, sont les premiers parachutistes américains à s'envoler pour la Normandie, dans la soirée du 5 juin.
Fondé en 1879, par le capitaine Richard H. Pratt, la Carlisle Indian Industrial School, de Carlisle (Pennsylvanie), probablement le plus célèbre de tous ces pensionnats, était considéré comme un établissement modèle destiné à américaniser les jeunes Indiens. Les élèves n'étaient pas autorisés à s'exprimer dans leur langue maternelle et recevaient un enseignement professionnel qui faisait une large place aux travaux manuels et aux valeurs morales de l'Amérique blanche. La discipline était toute militaire, les élèves portaient un uniforme; faisaient l'exercice et gagnaient leur classe en rang et en marchant au pas. En 1880, trente et un leaders lakotas dont Spotted Tail, Red Cloud, Red Dog, Two Strike, Americain Horse et Crow Dog, visitèrent Carlisle. Ils n'aimèrent pas ce qu'ils y virent, en particulier les uniformes militaires et les châtiments corporels. La plupart retirèrent leurs enfants de cet endroit.


Certains jeunes Indiens gardent de ces établissements un bon souvenir. Car au-delà d'acquérir une culture générale, des connaissances techniques et professionnelles, faire sa scolarité en ces lieux conduisait souvent à un emploi, en particulier au bureau des Affaires Indiennes. De plus, le système du pensionnat favorisait le «Panindianisme» qui allait devenir au XXe un élément fondamental de l'identité amérindienne. Des garçons et des filles, issus de différents groupes tribaux, de différentes cultures, parlant des langues différentes, se rencontraient et quelques uns d'entre eux se mariaient par la suite.


Les compositions ethniques changèrent. Il y avait toujours eu des mariages entre les Indiens des Plaines et des étrangers (captifs, trappeurs, etc.). Mais, avec la création des réserves, le nombre de mariages entre Indiens et Blancs n'a cessé de croître. Ainsi en 1940, sur la réserve de Pine Ridge (Dakota du Sud), on comptait entre 50% et 60% de sang-mêlé, qui avaient de 1/16ie à 15/16ie d'ascendance indienne. En 1950, il y avait peu de Pawnees de pure souche. En 1980, la plupart des Gros-Ventres avaient au moins un ancêtre blanc.


Tout ce qui avait caractérisé les groupes nomades, le cheval, le tipi, le nomadisme, l'absence d'horticulture, l'importance fondamentale du bison, tout cela avait disparu. Quelques Indiens devinrent éleveurs, et constituèrent de très grands troupeaux. D'autres devinrent cultivateurs. La toile de bâche fournie par le gouvernement remplaça les peaux de bison dans la fabrication des tipis, puis ces derniers furent remplacés par des tentes, et pour finir par des maisons en rondins ou en planches qui, au XXe siècle, n'étaient pas très différentes de celles des Américains Blancs. Des agglomérations apparurent avec église, école et magasins. En 1940, les villes des réserves en étaient arrivées à ressembler aux autres communautés rurales de l'Ouest américain, avec leurs drugstores, leurs snack-bars, leurs instituts de beauté et leurs cinémas dont la clientèle était composée de Blancs et d'Indiens.


En 1860, les Indiens des Plaines vivaient dans une relative aisance, étaient indépendants et disposaient de vastes territoires tribaux. Ils possédaient beaucoup de chevaux et de peaux de bison, d'importantes réserves de viande séchée, et les bisons étaient encore nombreux. En 1890, une génération plus tard, ils souffraient de disette et de diverses autres pénuries, avaient perdu la majeure partie de leurs territoires et dépendaient du gouvernement fédéral. Même les Cheyennes commençaient à réaliser qu'ils devaient emprunter une nouvelle route, qu'ils étaient arrivés au bout de l'ancienne.



Pourtant, tout ne changea pas. Les Indiens des Plaines demeuraient très attachés à leurs anciennes façons de faire, de voir et de penser. Contrevenant aux règles édictées par le bureau des Affaires Indiennes, un grand nombre d'hommes, mais aussi quelques jeunes gens et adolescents portaient les cheveux longs, lâches ou nattés. Femmes et enfants s'habillaient encore de couvertures, à la mode indienne. Les femmes géraient la maisonnée, s'occupaient du tipi, de la tente ou de la cabane, préparaient les repas, tandis que les hommes s'efforçaient de pourvoir à la subsistance de leur famille. De nombreux symboles traditionnels, d'éléments de leurs modes de vie, de mythes, de valeurs, de traditions et de coutumes se conservèrent, ainsi que leurs langues, même s'ils apprenaient l'anglais. Tous les chamanes n'avaient pas renoncé aux anciennes pratiques de guérison. Les rencontres intertribales n'avaient pas cessé. Les courses de chevaux étaient toujours très populaires, les jeux de hasard restaient l'un des passe-temps favoris, et les Indiens assimilaient rapidement les différents jeux de cartes.


De nos jours, les Indiens des Plaines habitent souvent à la périphérie des grandes villes et sont enseignants, médecins, plombiers, ouvriers d'usine, avocats ou comptables, mais ils restent attachés à leurs anciennes coutumes et traditions. Les méthodes ancestrales de guérison restent populaires, en particulier sur les réserves, et les liens qui unissent les membres d'une famille étendue demeurent forts. L'attrait de la terre natale est toujours aussi fort. Certains peuples comme les Pawnees, les Wichitas et les groupes tribaux du bassin du Missouri, avaient vécu sur les Plaines des centaines d'années avant leurs premiers contacts avec les Blancs. D'autres, comme les Arapahos, les Cheyennes, les Comanches et les Lakotas arrivèrent sur les Plaines au moment de leurs premiers contacts avec les Blancs, ou même après. Les sociétés spectaculaires et flamboyantes qu'ils créèrent ne se retrouvent nulle part ailleurs en Amérique du Nord. Elles captivent l'imagination du monde entier. Pourtant, ce mode de vie de cavaliers chasseurs de bisons ne dura que l'espace de quelques générations.



Maintenant, nous savons qu'elles furent les importantes contributions que les Indiens des Plaines ont apportées à la civilisation américaine. Ils fournirent aux Blancs des fourrures, des peaux, de la viande séchée, du pemmican et d'autres produits. Ils furent les guides, les éclaireurs et les alliées des explorateurs et des soldats. Ils frayèrent des chemins à leur intention, chassèrent pour eux et les mirent en garde contre les dangers auxquels ils s'exposaient. En fait, ils furent indispensables aux agents du gouvernement qui finirent par conquérir leurs terres. Les Blancs utilisèrent les herbes médicinales et la pharmacopée des Indiens pour se soigner, et firent parfois appel aux chamanes pour les guérir. Américains et Canadiens empruntèrent des mots indiens pour nommer leurs villages, leurs comtés, leurs États et leurs Provinces, les lacs, les rivières et d'autres sites géographiques des Grandes Plaines. Leur langage des signes est aujourd'hui en partie adopté pour la communication entre personnes malentendantes.


Greg "Pappy" Boyington, de la Nation Sioux, était le doyen des pilotes de chasse et un des militaires américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. Abattu au cours d'une mission d'escorte de bombardiers lourds contre la base navale japonaise de Rabaul, en Nouvelle-Bretagne, il termine le conflit dans un camp de prisonniers au Japon, puis libéré le 2 septembre 1945 et rapatrié aux États-Unis.

Dans une nation caractérisée par l'émergence d'un pluralisme culturel, les Indiens des Plaines continueront d'apporter des contributions substantielles à la vie de l'Amérique du Nord. 


Photos:  http://jacqueline-devereaux.blogspot.fr


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