03/12/2014
Commentaire: "Ce sont les tyrans maladroits qui se servent des baïonnettes, l’Art de la tyrannie consiste à faire la même chose avec des juges"
Camille Desmoulins (1760-1794, guillotiné)
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Le 1er octobre 1934, Sergheï Kostrikov, dit Kirov (48 ans), est
assassiné dans des conditions mystérieuses à Leningrad (aujourd'hui
Saint-Pétersbourg). L'homme n'est autre que le secrétaire du Parti
communiste pour la région de Leningrad. C'est aussi un proche de Staline
et son dauphin présumé.
Sa mort va être le prétexte à une sinistre vague d'épuration au sein
du Parti communiste de l'Union Soviétique, connue sous le nom de « procès de Moscou ».
Les accusés de ces trois procès, des bolcheviques de la vieille garde
léniniste, plaideront tous coupables et feront amende honorable. La
plupart seront exécutés.Un prétexte tout trouvé
Staline, tout-puissant secrétaire général du Parti communiste, a lancé en 1930 la collectivisation des terres et des usines. Les Soviétiques ont payé ces initiatives au prix fort : effroyables famines et déportations massives.
Le « Vojd » (Guide, qualificatif officiel de
Staline) n'attend que le moment propice pour éliminer ses ennemis avérés
ou potentiels, autrement dit tous les vieux bolcheviques de son
entourage...
Ce moment arrive avec l'assassinat de Kirov. Le même jour, le Comité
central, organe suprême du pouvoir, institue une justice d'exception
sous le prétexte de traquer et punir les criminels (pas de défense, pas
de recours en appel possible et exécution immédiate en cas de
condamnation).
Les « grandes purges » commencent dès le 16 janvier 1935,
avec l'ouverture du procès de Kamenev, Zinoviev et 17 autres accusés,
sous l'inculpation d'avoir « aménagé le terrain idéologique » à l'assassinat de Kirov avec la complicité du traître Trotski,
en exil. Il ne s'agit que d'une mise en bouche : Kamenev et Zinoviev
s'en tirent pour l'heure avec seulement dix ans de prison.
Les choses sérieuses débutent en août 1936. Ce premier des grands procès de Moscou se tient, comme les suivants, sous la direction du procureur général Vychinski, en présence de la presse nationale et internationale.
Il inaugure un scénario mis au point par le chef du NKVD (ex-Guépéou, police politique), Yagoda : il s'agit que les prévenus collaborent à leur mise à mort en avouant eux-mêmes les complots fantaisistes dont ils sont accusés et en dénonçant des comparses ! Ils y sont conduits par un reste de fanatisme ou, plus prosaïquement, par l'espoir de sauver leurs proches.
Dans le box des accusés, on mélange des révolutionnaires éminents qui se sont ralliés à Staline, entourés de communistes moins connus et d'inconnus au passé trouble qui soutiennent les thèses de l'accusation (complot terroriste, actes de sabotage, activités d'espionnage, contacts avec le « traître »Trotski...).
Les étrangers eux-mêmes applaudissent aux sentences iniques et sans preuves. En France, la Ligue des droits de l'Homme, qui s'était illustrée dans la défense d'Alfred Dreyfus, n'y voit rien à redire dès lors que les accusés se reconnaissent publiquement coupables !
On estime qu'au total, Staline approuvera 44.000 condamnations à mort, pudiquement qualifiées de « condamnations au premier degré ». À la différence de la répression ordinaire, qui touche des centaines de milliers de Soviétiques ordinaires, cette répression frappe l'opinion internationale car elle concerne des membres dirigeants du pays, du Parti et de l'armée.
Grandes purges
Les choses sérieuses débutent en août 1936. Ce premier des grands procès de Moscou se tient, comme les suivants, sous la direction du procureur général Vychinski, en présence de la presse nationale et internationale.
Il inaugure un scénario mis au point par le chef du NKVD (ex-Guépéou, police politique), Yagoda : il s'agit que les prévenus collaborent à leur mise à mort en avouant eux-mêmes les complots fantaisistes dont ils sont accusés et en dénonçant des comparses ! Ils y sont conduits par un reste de fanatisme ou, plus prosaïquement, par l'espoir de sauver leurs proches.
Dans le box des accusés, on mélange des révolutionnaires éminents qui se sont ralliés à Staline, entourés de communistes moins connus et d'inconnus au passé trouble qui soutiennent les thèses de l'accusation (complot terroriste, actes de sabotage, activités d'espionnage, contacts avec le « traître »Trotski...).
Les étrangers eux-mêmes applaudissent aux sentences iniques et sans preuves. En France, la Ligue des droits de l'Homme, qui s'était illustrée dans la défense d'Alfred Dreyfus, n'y voit rien à redire dès lors que les accusés se reconnaissent publiquement coupables !
On estime qu'au total, Staline approuvera 44.000 condamnations à mort, pudiquement qualifiées de « condamnations au premier degré ». À la différence de la répression ordinaire, qui touche des centaines de milliers de Soviétiques ordinaires, cette répression frappe l'opinion internationale car elle concerne des membres dirigeants du pays, du Parti et de l'armée.
L'armée est décapitée à son tour entre l'été 1937 et le printemps 1938
Le premier concerné est Mikhaïl Nikolaïevitch Toukhatchevski, un aristocrate rallié à la Révolution, sans doute le plus brillant militaire de l'Armée rouge. Il est fusillé le 12 juin 1937. Au total, trois maréchaux sur cinq, treize généraux d'armée sur 15, 30 généraux de corps d'armée sur 58, 110 généraux de division sur 195, 211 colonels sur 406, et au total 35.000 officiers, soit une bonne moitié des cadres de l'armée, sont proprement exécutés.
Les grands procès de Moscou s'achèvent en mars 1938 avec la mise en accusion de 21 prévenus dont Boukharine, l'un des plus illustres chefs bolcheviques, et... Yagoda. Au terme de ces trois années, plus de la moitié des élus du Parti ont été éliminés... et remplacés par de jeunes militants qui n'ont pas connu la Révolution et sont dévoués à Staline.
Celui-ci apparaît comme le seul héritier de Lénine après l'élimination de presque tous les bolcheviques éminents (le survivant Trotski, en exil au Mexique, sera assassiné sur ordre de Staline en 1940).
Staline a pu profiter des procès pour faire porter sur les accusés le poids de ses dramatiques échecs dans la collectivisation des terres et des usines.
Le premier concerné est Mikhaïl Nikolaïevitch Toukhatchevski, un aristocrate rallié à la Révolution, sans doute le plus brillant militaire de l'Armée rouge. Il est fusillé le 12 juin 1937. Au total, trois maréchaux sur cinq, treize généraux d'armée sur 15, 30 généraux de corps d'armée sur 58, 110 généraux de division sur 195, 211 colonels sur 406, et au total 35.000 officiers, soit une bonne moitié des cadres de l'armée, sont proprement exécutés.
Les grands procès de Moscou s'achèvent en mars 1938 avec la mise en accusion de 21 prévenus dont Boukharine, l'un des plus illustres chefs bolcheviques, et... Yagoda. Au terme de ces trois années, plus de la moitié des élus du Parti ont été éliminés... et remplacés par de jeunes militants qui n'ont pas connu la Révolution et sont dévoués à Staline.
Celui-ci apparaît comme le seul héritier de Lénine après l'élimination de presque tous les bolcheviques éminents (le survivant Trotski, en exil au Mexique, sera assassiné sur ordre de Staline en 1940).
Staline a pu profiter des procès pour faire porter sur les accusés le poids de ses dramatiques échecs dans la collectivisation des terres et des usines.
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