Données 22 décembre 2017
La France est l’un des pays d’Europe où les riches sont les plus riches. Les 1 % les plus riches reçoivent au moins 7 600 euros par mois contre 5 000 euros en moyenne dans l’Union européenne.
Photo / Hans Porochelt CC-By-NC-ND
En France, les riches sont très riches. Les 1 % les plus aisés ont un niveau de vie mensuel pour une personne d’au moins 7 600 euros, contre 5 000 euros pour la moyenne de la population la plus riche de l’Union européenne (donnée moyenne de la période 2013-2015 selon Eurostat, après impôts et prestations sociales). L’Hexagone arrive en seconde position pour le niveau de vie des plus riches, juste après la Norvège très largement en tête du classement avec un niveau de vie au minimum de 9 500 euros par mois. Notre pays devance le Danemark où ce seuil est de 7 300 euros. Les 1 % les plus riches du Royaume-Uni sont moins aisés que les Français : il « suffit » de 6 600 euros pour appartenir au club des ultra-riches outre-Manche. En Pologne ou en Hongrie, on appartient aux 1 % les plus riches à partir de respectivement 1 700 et 1 300 euros mensuels « seulement ».
Seuil des 1% des plus riches
Niveau de vie mensuel minimum (€)
Norvège | 9 524 | ||
France | 7 631 | ||
Danemark | 7 351 | ||
Royaume-Uni | 6 581 | ||
Irlande | 6 467 | ||
Suède | 6 205 | ||
Finlande | 6 159 | ||
Allemagne | 6 000 | ||
Pays-Bas | 5 813 | ||
Belgique | 5 263 | ||
Italie | 5 156 | ||
Espagne | 4 371 | ||
Portugal | 3 046 | ||
Grèce | 2 627 | ||
Pologne | 1 715 | ||
Hongrie | 1 295 | ||
Union européenne à 28 | 4 976 |
Source : Eurostat, moyenne annuelle 2013-2015 – © Observatoire des inégalités
Nos 1 % les plus riches français sont très gourmands : ils s’accaparent 3,1 % du revenu national, comme les Italiens. Seuls les Portugais font mieux avec 3,3 %. En Norvège, les riches sont très riches par rapport à la moyenne européenne, mais les pauvres le sont bien moins qu’ailleurs : par conséquent, les premiers ne récupèrent « que » 2,3 % des revenus du pays, niveau le plus faible en Europe. Les riches Britanniques sont à peu près au niveau français (3 %), les Allemands au-dessous (2,8 %).
Part des 1% les plus riches dans le revenu global
Unité : %
Portugal | 3,3 |
France | 3,1 |
Grèce | |
Italie | 3,1 |
Espagne | 3,0 |
Pologne | 3,0 |
Royaume-Uni | 3,0 |
Irlande | 2,9 |
Allemagne | 2,8 |
Hongrie | 2,7 |
Pays-Bas | 2,6 |
Danemark | 2,5 |
Finlande | 2,5 |
Belgique | 2,4 |
Suède | 2,4 |
Norvège | 2,3 |
Union européenne à 28 | 2,9 |
Source : Eurostat, moyenne annuelle 2013-2015 – © Observatoire des inégalités
Des écarts considérables
Il faut considérer des données de l’institut européen avec beaucoup de précautions [1], pour deux raisons : la collecte de ces données n’est pas opérée de la même façon partout en Europe et les données sur les très riches sont volatiles. Il suffit que quelques individus vraiment très riches entrent dans l’échantillon une année pour faire varier la moyenne. Pour réduire l’impact de cette volatilité, nous avons calculé une moyenne de trois années (2013 à 2015).
Ces données donnent une indication globale. Elles invalident totalement la thèse d’une fuite des super-riches sous l’effet d’un « assommoir fiscal » utilisée comme un prétexte pour réduire les impôts sur les plus riches. La France est un pays où les plus aisés gagnent beaucoup d’argent. Et encore ces chiffres sont-ils mesurés après impôts et prestations sociales : la redistribution a déjà opéré. Comme les impôts et les prestations sont plutôt développés en France, cela signifie qu’avant impôts, notre pays est ultra-inégalitaire. Les cadres dirigeants du privé et les hauts fonctionnaires disposent de niveaux de rémunération bien supérieurs au reste de la population. Et les revenus de l’immobilier ou des placements financiers renforcent les écarts.
Dans notre pays, le débat se focalise souvent sur ces 1 % les plus riches qui n’ont pas bonne presse, non sans arrière-pensées. Cela permet aux « riches un peu moins riches » de reporter le mistigri de la solidarité sur une poignée d’individus aux revenus hors du commun. Reste qu’il est vrai que tout en haut de l’échelle, on vit bien mieux en France qu’ailleurs. Les mesures récentes d’allègement de l’impôt sur la fortune et de baisse de l’imposition des revenus financiers vont accroître les écarts dans les années à venir. Cela ne peut que faire grossir les tensions au sein des catégories populaires et moyennes pour qui, à l’inverse, les revenus baissent ou stagnent. Cela ne semble pas préoccuper outre-mesure la majorité.
1. Eurostat publie ainsi des données sur la France que l’Insee se refuse de publier, les jugeant non suffisamment fiables, compte tenu des aléas statistiques.
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