Par Boris Le Ngoc, SFEN
05/12/2017
Dans un reportage diffusé hier sur la chaine franco-allemande Arte, Greenpeace et le documentariste Eric Guéret ont dénoncé « les failles » de la sécurité des installations nucléaires et se sont présentés comme « des lanceurs d’alerte ». Pourtant la méthode et le contenu interrogent.
Un reportage militant
Auteur de deux précédents documentaires sur le nucléaire - Opération plutonium (2005) et « Déchets, le cauchemar du nucléaire » (2009) -, Eric Guéret vient de consacrer son dernier reportage à la sécurité des installations nucléaires : « Sécurité nucléaire : le grand mensonge ».
Ce travail, le journaliste l’a mené avec Greenpeace, jusqu’à se coordonner avec l’association pour la parution de son reportage... Dans une interview donnée à Télérama, Eric Guéret explique qu’ « un rapport de confiance s’est tissé depuis dix ans (avec Greenpeace) (...) Nous nous parlons, nous partageons des infos. Là, pour être efficaces, nous avons choisi de synchroniser la diffusion du film sur Arte avec la campagne qu’ils (Greenpeace) mènent en ce moment sur le risque des piscines d’entreposage des combustibles nucléaires usés ».
En se « synchronisant » avec une « campagne » Greenpeace, le reportage répond-il à la déontologie du journalisme ? Pour rappel, la charte d’éthique des professionnels du journalisme demande aux professionnels de « Refuser et de combattre, comme contraire à leur éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ».
Ce n’est pas la première fois que Greenpeace collabore très étroitement pour la réalisation, puis la diffusion d’un reportage. Récemment en Corée du Sud, l’association a fait une promotion active d’un film catastrophe (« Pandora ») sur un accident nucléaire dans le pays. Rompu à la communication, Greenpeace a alloué d’importants moyens pour financer les projections, les manifestations de rue et les procès.
« Lanceurs d’alerte » ou « marchands de peur » ?
Le réalisateur et Greenpeace se présentent comme des « lanceurs d’alerte ». « C’est un travail de lanceur d’alerte : si on ne le dit pas, les choses ne progressent pas, car cela coûte cher et que c’est compliqué à appliquer. » explique Eric Guéret dans Reporterre.
Il convient cependant de nuancer ce propos en ce rapportant à la définition de Transparency International : « Le lanceur d’alerte est une personne qui, dans le contexte de sa relation de travail, signale un fait illégal, illicite et dangereux, touchant à l’intérêt général, aux personnes ou aux instances ayant le pouvoir d’y mettre fin. »
Par ailleurs, l’auteur du reportage soulève un certain nombre de questions tout en sachant qu’il ne sera possible de recueillir les réponses : les personnes habilitées à connaître ses informations sont soumises au secret défense et donc au silence.
Au regard de ces éléments, il semblerait que les promoteurs du reportage aient fait leur les adages populaires : « La peur est plus persuasive que la raison » ou encore « les meilleures raisons ne touchent pas l’esprit de ceux qui ont peur ».
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Des dispositifs en constante évolution
L’industrie nucléaire, de part son ADN, prend très au sérieux la menace terroriste et met tout en œuvre pour surmonter les situations les plus critiques. Les parades mises en place sont contrôlées, auditées et même assurées par les services de l’Etat : défense nationale (maritime, terrestre, aérienne), renseignement, Anssi pour la cybersécurité, etc.
Transport : 1 rapport de 1 à 100 entre la masse de l’emballage et la matière transportée.
Les dispositifs de protection et de défense s’adaptent en permanence pour faire face à la mutation de la menace. L’espace aérien est scruté en permanence et les patrouilles de l’armée de l’air sont mobilisées pour intervenir en quelques minutes aux quatre coins de la France.
Les transports de matière radioactive sont aussi hautement sécurisés : ils sont escortés par l’armée et équipés de systèmes de suivi. Surtout, les emballages de matières radioactives sont de véritables forteresses, conçus pour assurer le confinement dans des conditions extrêmes : 1 rapport de 1 à 100 entre la matière transportée et l'emballage.
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