Auteur :Jean-Pierre Pervès
Publié le 5 décembre 2017
Les faiblesses des scénarios présentés cet automne par l’ ADEME, RTE et le SER : pourquoi 50% de production nucléaire ??? Quand l’idéologie l’emporte sur le pragmatisme.
L'étude de Jean-Pierre Pervès est à télécharger :
https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/Analyse_scenarios-2035_ADEME_et_RTE.pdf
En voici la présentation :
De nombreux scénarios d’évolution du mix électrique français viennent d’être présentés par l’ ADEME, RTE et le SER, dans la perspective d’une mise à jour des objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) et de la Programmation Pluriannuelle de l’ Energie (PPE). Nous n’examinerons que trois scénarios à l’horizon 2035 (parmi 3 ADEME, 5 RTE et 1 SER), qui sont présentés comme compatibles avec les nouvelles orientations du ministre : priorité à la lutte contre le changement climatique et réduction de la contribution du nucléaire vers 2030/2035.
Or ces deux orientations sont clairement contradictoires, le nucléaire étant une énergie non carbonée et les objectifs de développement des énergies intermittentes, éolien et solaire, ne pouvant compenser l’apport du nucléaire dans le suivi de charge du réseau. Il est affligeant que l’ ADEME et RTE ne remettent pas en cause cette hypothèse de réduction du nucléaire, non justifiée, et qui ne peut que dégrader la qualité de notre mix électrique. Ces scénarios ne peuvent parvenir à leurs objectifs (théoriquement !) qu'au prix d’hypothèses non réalistes et visiblement non concertées entre ces deux grands organismes. On peut citer celles qui concernent la consommation d'électricité, les échanges d’électricité transfrontaliers, les rendements des énergies intermittentes, les besoins de centrales pilotables.
L’absence complet de données économiques sur ces scénarios, présentés publiquement comme réalistes, est choquant et contraire à leur devoir d’information du gouvernement.
Malgré des surcapacités considérables d’éolien et de solaire proposées, l’équilibre des réseaux français et européens serait fragilisé. Le surinvestissement, avec un matériel largement importé, serait sans intérêt quand on considère nos engagements vis-à-vis du risque climatique, et il amplifierait la croissance, déjà évidente, du prix de l’électricité.
Il faudrait revenir à l’objectif prioritaire, qui devrait être de remplacer les technologies faisant appel aux combustibles fossiles, et non de substituer à grand prix des énergies non carbonées à des énergies qui ne le sont également pas. Il faudrait mieux accompagner la volonté affichée par le gouvernement de préserver notre compétitivité et de « remettre la France sur le chemin de la croissance et de l'emploi en priorisant une renaissance industrielle ».
La France risque de se trouver dans l’impossibilité de respecter ses engagements européens vis-à-vis des émissions de GES. Il serait urgent que la LTECV et la PPE redonnent une priorité claire à une réduction de ceux-ci, sans se perdre dans de multiples objectifs techniques mal évalués et parfois très hypothétiques.
Une politique plus réaliste devrait prendre en compte un recours plus dynamique à notre mix électrique actuel, décarboné et pilotable, sans pollution atmosphérique, au service de tous les secteurs d’activité. L’électrification sera la voie la plus sûre vers une transition énergétique pragmatique. Ce n’est pas ce que proposent ces scénarios, ni la LTECV, ni la PPE !
La mainmise du Ministère de la transition énergétique et solidaire sur les politiques industrielles de EDF et RTE prive la France d’une source d’information objective et pragmatique, indispensable à des prises de décision qui sont urgentes. L’absence d’une action au niveau européen pour rééquilibrer ses arbitrages, dans une voie plus favorable aux enjeux climatiques, se paiera aussi au plus haut prix.
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