La nouvelle France en sept cartes régionales

FLORENT LATRIVE, QUENTIN GIRARD ET BAPTISTE BOUTHIER 20 NOVEMBRE 2014



[...] Démographie, croissance économique, chômage [...]: Libération décrypte les forces et faiblesses des futures nouvelles régions françaises.



Si la nouvelle carte des 13 régions adoptées par l’Assemblée nationale ne fait, comme attendu, pas plaisir à tout le monde, notamment en Alsace, elle est aussi l’occasion de redistribuer les cartes économiques, géographiques, voire sportives.

Hormis l’Ile-de-France, largement et toujours à part en termes de richesse et de croissance, et la Corse, petit bout isolé, cette redistribution montre une volonté de ne pas créer de grandes disparités économiques entre les ensembles. Reste que, par rapport au premier découpage élyséen, il y a des évolutions : notamment une plus grande disparité démographique, mais une meilleure cohérence économique.

CHÔMAGE, LES MÊMES DISPARITÉS





Il y a beaucoup de chômeurs en France, et il y en a un peu plus au Nord et au Sud qu’au milieu : la nouvelle carte des régions ne change pas ce constat. Seul le Nord-Pas-de-Calais peut s’estimer heureux d’être associé à la Picardie, mais cette nouvelle grande région Nord est quand même celle au plus fort taux de chômage (12,4%). À noter qu’aucune de ces treize nouvelles régions n’a un chômage inférieur à 8,6%, et elles sont quatre à ce seuil.


DE PLUS GRANDS ÉCARTS DE POPULATION





Le premier projet de redécoupage avait l’avantage de proposer des régions aux populations homogènes, en dehors des anomalies Ile-de-France et Corse. Ce n’est plus le cas : il y aurait plutôt deux catégories, celle des régions de 5-7 millions d’habitants, où les fusions Aquitaine-Poitou-Limousin et Alsace-Lorraine-Champagne rejoignent Paca ou Midi-Pyrénées-Languedoc ; et celle des régions de moins de 4 millions d’habitants, où cohabitent Bretagne, Pays de la Loire, Normandies mais aussi Centre et Bourgogne-Franche-Comté.


SUPERFICIE : LES INÉGALITÉS PERSISTENT





Comme le précédent redécoupage, cette nouvelle carte des treize régions ne change pas grand-chose aux inégalités de superficie. La Corse et l’Ile de France, les deux plus petites des régions actuelles, restent seules. En revanche, le Nord-Pas-de-Calais, à peine plus grand que la région francilienne, intègre en s’associant à la Picardie un gros peloton entre 27 et 47 000 km2, qui regroupe la moitié de ces nouvelles régions. Loin derrière les mariages Auvergne-Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées-Languedoc. Quant à la nouvelle fusion Aquitaine-Poitou-Limousin, c’est un mastodonte de près de 85 000 km², soit un gros sixième de la superficie totale de la France métropolitaine.


UNE PLUS JUSTE RÉPARTITION PAR TÊTE DE PIB





Bien sûr, il y a toujours ces deux exceptions, l’Ile de France (612 milliards, un petit tiers du PIB national) et la Corse (8 milliards à peine). Mais pour le reste, la nouvelle carte de France est assez équilibrée en termes de PIB, même si le Centre, laissé seul, est un peu à la peine avec ses 67 milliards. La plupart des autres régions se tiennent entre 100 et 150 milliards d’euros, à l’exception notable du mariage Auvergne-Rhône-Alpes, qui émarge à 231 milliards.




CROISSANCE : ENSEMBLE TRÈS MOYEN





Ni locomotive, ni boulet : les nouvelles régions n’affichent pas une disparité géographique flagrante en termes de croissance. Une petite moitié est en négatif, une grosse moitié en positif, et une moitié encore tourne autour de 0% (entre -0,1% et +0,2%, valeur moyenne entre 2008 et 2011). Corse (+2%) mise à part, personne n’est dans l’envolée lyrique ou la dépression la plus totale. Poitou-Charentes et Limousin profitent d’une Aquitaine un peu plus dynamique pour afficher réunies un plutôt reluisant +0,6%. En revanche, ça bat un peu de l’aile dans l’est : la grande fusion Alsace-Lorraine-Champagne est à -0,5%, et l’ensemble Bourgogne-Franche-Comté ferme la marche à -0,9%.


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