Alors, ces fameuses boues rouges, késako ?

Par Victorayoli 
4 jan.2016

Commentaire: Vous reprendrez bien une petite coupe de COP21!?  Ils nous offrent  «l'illusion», nous leur offrons la Terre.

Bonne chance et bonne nuit

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Plan-boues-rouges-cassis
Illustration X - Droits réservés

Dans les derniers jours de l’année passée, les me(r) dias mènestrime nous ont parlé de boues. Pas ragoutant la boue… Et rouges de surcroît ! Dangereux le rouge… Et à ce sujet il y a eu bagarre entre deux poids lourds du gouvernement, Valls (le patron délégué) et Ségo (l’Ex). De quoi s’agit-il ? Du déversement en Méditerranée de millions de tonnes de déchets toxiques.

Un communiqué à mis le feu aux poudres: « Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, préfet des Bouches-du-Rhône, a signé le lundi 28 décembre 2015 un arrêté autorisant la société Altéo (ex-Péchiney) à continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d'effluents aqueux dépassant les limites réglementaires » Pas contente Ségolène: « L'ordre est venu du Premier ministre au préfet, direct ».

Explications de Matignon: « Le Conseil supérieur de prévention des risques technologiques - un conseil indépendant composé d'experts rattaché administrativement au ministère de l'Ecologie - a planché le 22 décembre et a soumis l'arrêté d'autorisation au vote ». La réunion s'est conclue par « un vote assez large d'une autorisation pour six ans du processus industriel proposé par Altéo » et le rejet en mer, pour 6 ans, d'effluents résultant de la production d'alumine dans le Parc national des Calanques. Bonjour l’image des parcs nationaux !

Voilà l’épisode ministériel. Mais les « boues rouges », késako ? L’affaire est ancienne. En 1893, le groupe Péchiney a construit en Provence, à Gardanne, entre Marseille et Aix, une usine afin d’exploiter le minerai de bauxite très présent dans la région. La bauxite (étymologiquement « terre des Baux ») ça sert à faire l’aluminium. Seulement les divers processus pour passer du minerai à l’aluminium génèrent des montagnes de déchets solides et liquides particulièrement toxiques. Oui mais, depuis cette époque, l’usine apporte emplois et relative prospérité dans ce coin de Provence séché par le soleil et battu par le mistral. Et depuis, l’État s’est toujours montré très « compréhensif » avec l’usine, particulièrement au sujet de ses déchets « À l’heure où l’opinion française redoute les délocalisations », il est impératif de « sauvegarder plusieurs centaines d’emplois », avaient justifié les commissaires chargés de l’enquête. L’écologie, la préservation de l’environnement, mouais… Mais les emplois, c’est autre chose. Le site de Gardanne, plus grand site mondial de production intégré d’alumines, emploie 400 salariés et 250 personnes sous-traitantes. On est dans le cas typique, caricatural du chantage à l’emploi.

Qu’est-ce qu’elle fait de ces déchets, l’usine ? Ben, au début, elle les a stockés sur des terrains alentour, « agrémentant » la région de poussières rouges ou blanchâtres… Puis, quand ça a dépassé les bornes, des têtes d’œuf ont planché sur le problème et crié « Euréka ! » Ils avaient trouvé la solution miracle: Balayer les poussières sous le tapis ! En l’occurrence: Foutre discrètement toute cette merde au fond de la Méditerranée. Cette brillante décision date de 1966, une époque où les soucis d’environnement n’étaient pas primordiaux…

Ainsi fut fait. Une énorme canalisation serpente depuis sur 47 km à travers la garrigue provençale de Gardanne à Cassis ! Puis ce merdoduc pénètre sous l’eau et continue sur 7,7 km encore jusqu’au fossé sous-marin dit « de Cassidaigne » où il chie ses estrons toxiques par 320 mètres de fond. Vingt millions de tonnes de sédiments toxiques se sont accumulées dans cette fosse au cœur du parc national des Calanques, sans compter tout ce qui a débordé et, au gré des courants, s’étale en couche plus ou moins épaisse du golfe de Fos à la rade de Toulon. Et le robinet à merde n’est pas prêt d’être fermé puisque Alteo a déposé en mai 2015 une demande de renouvellement de la concession d’occupation du domaine public maritime pour trente ans. Avec de fortes chances de l’obtenir… Chantage à la délocalisation en cas de refus qui signifierait arrêt de l’usine.

Ces boues rouges sont-elle dangereuses ? Actuellement, les poissons de fond ont déserté les abords de la fosse de Cassidaigne et ceux que l’on pêche sont bourrés de mercure, d’arsenic, de titane et autres délicates épices: Thorium 232, uranium 238, cadmium, vanadium, plomb, soude, chrome, nickel, etc.. Et que dire du plancton, nourriture de base de la chaîne alimentaire marine ? Les pathologies éventuellement liées au mercure sont très variées: Psychologiques (dépression, troubles de l’humeur, etc.), neurologiques (maladie d’Alzheimer, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, épilepsie, handicaps de naissance, etc.), dermatologiques (eczéma, etc.), immunitaires (infections à répétitions, allergies, maladies auto-immunes : maladie de Crohn, maladie de Gougerot-Sjögren etc.), digestives (colite), cardio-vasculaires (tachycardie, artériosclérose, cardiopathie cardiaque dilatative) rénales, rhumatismales, et même cancers (tumeurs cérébrales: Glioblastomes, plus fréquents chez les dentistes).

« Elle est fraîche ma rascasse ! Elle est bonne ma bouillabaisse ! Elle est claire mon eau ! » Ben voyons…

Bon. Mais ça – si l’on en croit les responsables d’Alteo, l’usine en question – c’est le passé « Ça va changer ! Objectif Zéro déchet » qu’ils disent les « communicants » de l’entreprise, premier producteur mondial d’alumines spéciales entrant dans la composition de céramiques pour l’électronique, les cristaux liquides, etc. Et de fait, l’usine a cessé de balancer la totalité de ses boues rouges en Méditerranée, sauf un reliquat annuel de 84 tonnes, loin du million de tonnes annuel précédant. Mais elle veut continuer à y balancer ses effluents liquides chargés de métaux lourds dissous et de soude. Pour pouvoir cesser de balancer ses boues rouges, Alteo s’équipe de trois filtres-presses permettant la déshydratation des boues. Reste alors une matière sèche, stockée désormais sur le site de Mange-Garri (mange-rats), proche de Gardanne, balayée par les vents et lessivée par les eaux de ruissellement, que l’entreprise voudrait valoriser sous le nom de Bauxalite. À Mange-Garri, l’eau des puits est interdite non seulement à la consommation, mais encore à l’arrosage et au remplissage des piscines. Bauxalite ! C’est joli comme mot. Même l’Europe met du pognon dans ce projet au titre du soutien à « l’économie circulaire ». Pour quoi faire ? Qui lo sa… Des remblais parait-il. Mais un peu radioactifs… Les routes seront lumineuses !

Ces filtres-presses représentent un investissement de 30 millions d’euros, financés à moitié par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, donc de l’argent public ! Et – cerise sur le gâteau – Un amendement taillé sur mesure s’est glissé dans une loi rectificative de finances en 2012 qui fait que la redevance d’Alteo à cette agence, qui était de 13 millions, a été réduite à 2,6 millions en 2014.

Résultat de tout ce micmac, depuis le 1er janvier, Alteo est autorisé à rejeter en Méditerranée ses effluents liquides toxiques pour six ans… Un sacré revers pour les défenseurs de l’environnement et un coup de pied au cul à la ministre de l’écologie, Ségolène Royal.

Alteo, c’est le dernier avatar d’une cascade d’achats et de ventes plus ou moins claires. L’entreprise appartenait à Péchiney, acheté en 2003 par Alcan, lui-même acheté en 2007 par Rio Tinto, acheté en 2012 par le fond de placement étazunien HIG Capital, proche des pires politicards Républicains étazuniens…

Oui mais que la COP 21 fut belle, qui met la France à la tête des défenseurs de la planète !

Sources :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/08/22/le-dossier-noir-des-boues-rouges-de-gardanne_4475340_3244.html

http://www.europe1.fr/politique/boues-rouges-matignon-repond-a-segolene-royal-2642451

http://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/LANDREVIE/52952

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