Climate change, Union Square, San Francisco , United States
Il aurait été souhaitable que le Comité de Gouvernance de la Convention affiche la même prudence que les scientifiques du GIEC dans la partie vraiment scientifique des rapports, pas dans les résumés pour décideurs.
Dès le départ, on sait que la Convention va souffrir de biais importants.
Le panel des citoyens de la Convention sur le climat ne peut pas être représentatif, et les débats ne pourront pas être contradictoires.
La méthode pour « trouver » 150 citoyens représentatifs n’est pas vraiment décrite en détail.
Nous savons juste que 255 000 citoyens, tirés aléatoirement pour 85 % des listes de portables et 15 % des listes de téléphones fixes, ont été approchés avec des méthodes d’institut de sondage. Nous ne savons pas le nombre d’approchés qui se sont portés volontaires.
À partir de là, c’est le flou complet. On comprend que ces 150 citoyens ont été « désignés » pour respecter des critères de représentativité, sexe, 48 et 52%, six tranches d’âge, six catégories socio-professionnelles/niveaux de diplômes. Pour la répartition sur les territoires, c’est plus flou. Nous connaissons juste les statistiques finales par critère, ce qui ne veut rien dire.
Premier biais : le panel
Les citoyens volontaires sont a priori des personnes motivées par la question. Or, tous les récents sondages montrent que le sujet n’est pas du tout la priorité des Français. Seules ont répondu des personnes particulièrement motivées ; c’est-à-dire la minorité qui est fortement paniquée par le catastrophisme ambiant. Or les positions de chacun, tel que le débat est engagé, seront un compromis entre les contraintes à tolérer au regard de l’urgence ressentie et de l’ampleur de l’action.
Deuxième biais : la méthode
La méthode employée est plus ou moins la méthode généralement employée pour les sondages : la méthode des quotas.
Mais ici, le nombre des critères rend absurde un objectif de représentativité du panel. La composition des critères est impossible à respecter. Comment obtenir une femme CSP plus entre 50 et 60 ans, urbaine, ou ville moyenne, campagnarde ou d’outre-mer ? Comment traiter les doublons entre deux combinaisons ?
La démarche devrait être de trier l’ensemble des volontaires selon des combinaisons des critères, et à l’intérieur de chaque combinaison, d’effectuer un tirage au sort. C’est peut-être ce qui a été fait, mais cela parait impossible à finaliser si le seul objectif final est un nombre aussi petit que 150. Le nombre attribué à chaque combinaison de critères est forcément ridicule statistiquement. Nous ne connaissons d’ailleurs pas les algorithmes utilisés par l’institut Harris, en charge du procédé.
Quel serait le nombre minimum de citoyens pour un panel représentatif ? Certainement pas 150 personnes ! Les sondeurs savent parfaitement constituer ce genre de panel, qui se monte généralement à plusieurs milliers pour un degré de confiance élevé.
Comment constituer un vrai panel statistiquement représentatif : par la méthode statistique pure.
- déterminer le nombre statistiquement représentatif, au moins un millier,
- tirer au sort à partir des listes électorales ou des listes de la sécurité sociale,
- rendre la participation obligatoire pour les tirés au sort.
Troisième biais : l’information et l’antécédent législatif
Tous les organismes d’État soutiennent une vision catastrophiste du sujet. Dans cette situation on ne voit pas comment des experts apportant la contradiction pourraient intervenir. Il serait indispensable, en particulier, qu’il y ait un comité d’experts multi-disciplinaires, économiste, physicien, technologue, sociologue et surtout statisticien, pour évaluer la robustesse des faits ou des théories citées, ainsi que pour évaluer la faisabilité, technique, économique et sociale, des solutions proposées.
Sans chiffrages, en particulier économiques, l’exercice sera vain.
Par ailleurs, un certain nombre de paramètres sont déjà inscrits ou quasiment votés dans la Loi énergie : projet de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie ayant déjà fait l’objet d’une consultation beaucoup plus structurée, et qui a été elle-même une mascarade, puisqu’aucun avis d’expert n’a été pris en considération. Cela limite furieusement les degrés de liberté.
L’exercice apparaîtra, en final, comme une façon de légitimer l’établissement de contraintes envers les citoyens, par ceux-là même qui les subiront.
Il y a en effet un grave problème de désinformation.
Le « Socle d’information initial »
Les heureux tirés au sort de la Convention citoyenne pour le Climat devaient être informés soigneusement de ce pourquoi ils étaient là : sauver le climat. Ils ont donc à leur disposition un manuel, le Socle d’information initial :
« Ce document est mis à disposition des membres de la Convention citoyenne pour le Climat par son comité de gouvernance. Il a été réalisé par ses membres avec l’appui des animateurs d’ Eurogroup Consulting, Res Publica et Missions publiques. »
Mission Publique est un cabinet conseil en organisation de systèmes de concertation
« Agissant au niveau local, national et international, nous enrichissons la construction des politiques publiques et des stratégies d’entreprises grâce à l’expertise des non-experts. »
On appréciera le concept nouveau « d’expertise de non-experts » :
- Res Publica est une ONG spécialisée sur l’aide au Burkina Faso…,
- Eurogroup Consulting est un cabinet de consultants privé de 1500 personnes, spécialisé en études d’organisations pour les entreprises et le secteur public.
Ah, en fait, le document a été construit sous l’égide du Comité de gouvernance de la Convention, qui comprend trois experts sur le climat :
- Jean Jouzel, qui a quitté ses laboratoires il y a bien longtemps…,
- Anne Marie Ducroux, du CESE, consultante indépendante, représentante de la Ligue de Protection des Oiseaux, qui n’a pas dû, elle, fréquenter beaucoup de labos,
- Michel Colombier, de l’ lDDRI, ingénieur agronome, dont la thèse sur sa vraie expertise remonte à 1985.
Et en effet, ça commence très mal. Le premier chapitre, L’évolution du climat, ses causes humaines et ses impacts est un tissu de contre-vérités, d’affirmations sans preuves, de catastrophisme qui n’atteint même pas celui des Greenpeace et autres ONG…
J’ai analysé les premières pages, mais devant l’ampleur du travail de débogage à réaliser, je me suis concentré sur les premières affirmations :
« Depuis plus d’un siècle, les activités humaines ont modifié la composition de l’atmosphère et amplifié l’effet de serre empêchant la chaleur de la Terre d’être évacuée. »
Le titre est déjà faux ; nos émissions de CO2 n’empêchent pas la chaleur d’être évacuée, sinon, la Terre serait déjà une boule de feu ! La Terre reste en réalité toujours plus ou moins à l’équilibre thermique à un instant donné.
« La Terre reçoit en permanence de l’énergie du Soleil. Une partie de cette énergie est absorbée par la surface terrestre qui, en se réchauffant, émet un rayonnement infra-rouge. Une partie de ce rayonnement est réfléchie et renvoyée vers l’univers. Mais une autre partie est retenue par certains gaz présents dans l’atmosphère comme le dioxyde de carbone ou CO2 »
Le rayonnement émis par la Terre n’est pas « réfléchi », il est « émis »… Cette phrase ne veut rien dire… le « est réfléchi » est de trop… Par ailleurs, l’autre partie du rayonnement n’est pas « retenue » par le CO2, elle est absorbée puis réémise.
« Comme dans une serre où la chaleur est retenue par les parois et le toit en verre, sur Terre la chaleur reste emprisonnée, ce qui a pour effet d’augmenter la température moyenne sur la Terre et de bouleverser les équilibres climatiques. »
Cette affirmation a été démontrée fausse expérimentalement par Robert Wood en 1909 ! Le mécanisme de l’effet de serre conduit effectivement à une atmosphère terrestre plus chaude. Mais il est d’une grande complexité, et n’a rien à voir avec ce qui se passe dans une serre, où le réchauffement est simplement dû au fait que l’air de la serre ne peut se mélanger avec l’air extérieur.
« Les principaux gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). »
Le principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau, à au moins 60 %.
Donc, dans l’« explication » de l’effet de serre, tout est faux. C’est un peu fâcheux pour la crédibilité des organisateurs, mais après tout, ça n’a pas grande importance. La Convention n’est pas là pour faire de la physique.
Mais la suite est plus grave
« La communauté scientifique s’accorde aujourd’hui sur le fait que ces émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine sont responsables de l’essentiel du réchauffement climatique global observé depuis 1950. »
On constate un réchauffement de l’atmosphère depuis la fin du XVIIe siècle, et surtout depuis le milieu du XVIIIe siècle. L’affirmation ci-dessus suppose qu’un facteur naturel a réchauffé jusqu’en 1950, puis s’est miraculeusement arrêté, et dans la foulée, le CO2 a pris le relais… Ceci paraît extravagant, et n’a pas le moindre fondement factuel ; le réchauffement en 1930 avait le même rythme qu’en 1980. (Ci-dessous reconstruction du Hadley Center, de la météo britannique)
« La température moyenne à la surface de la Terre a augmenté d’environ 1°C en seulement un siècle. Ce réchauffement rapide a été particulièrement visible ces dernières années : les années 2015, 2016, 2017 et 2018 constituent les quatre années les plus chaudes jamais enregistrées. »
Le réchauffement actuel n’est pas plus rapide que celui qui a été constaté en 1930. Et comme nous sommes dans une période de réchauffement, les « records » ne veulent rien dire de plus : par définition les dernières années sont les plus chaudes.
« Pluies torrentielles augmentant les risques d’inondation, vagues de chaleur, canicules, submersions marines, sécheresses des sols dans certaines régions… En Europe, les incendies estivaux sont en hausse : le nombre de feux dénombrés en 2018 est nettement supérieur à la moyenne de la dernière décennie. La vague de chaleur, qu’a connue l’Europe du Nord en 2018, a eu des conséquences en Suède et en Finlande, où les feux de forêts – habituellement rarissimes – ont dévasté des milliers d’hectares. »
Ce paragraphe est particulièrement scandaleux : cette accumulation catastrophiste n’est absolument pas étayée par des faits, et le GIEC lui-même est extrêmement prudent et nuancé. Une vague de chaleur est un phénomène météorologique, pas climatique. Et les feux de forêt n’ont pas comme seules causes les températures. Il y a confusion entre phénomènes météorologiques et évolution du climat sur le long terme. Voir ce que dit vraiment le GIEC, chapitre III page 119 :
« Le niveau des mers monte à un rythme plus fort durant les dernières décennies. Un tiers de cette élévation est dû à la dilatation qui résulte du réchauffement des océans. L’essentiel du reste est dû à la fonte des glaciers continentaux et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. En effet, les régions polaires perdent de la glace et cette perte s’est accrue depuis une vingtaine d’années. Entre 2006 et 2015, la masse de la calotte glaciaire du Groenland s’est réduite d’environ 280 milliards de tonnes par an (soit un cube de glace de près de 7 km de côté). L’océan s’acidifie sous l’effet l’absorption d’une partie du CO2 émis par nos activités. Cette acidification a des effets sur le milieu marin . »
Ci-dessous, l’examen des marégraphes, page 1147, montre qu’il n’y a pas accélération de l’élévation du niveau des mers :
https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WG1AR5_Chapter13_FINAL.pdf
Par ailleurs, ce qui importe pour les riverains, c’est le différentiel entre ce niveau et le niveau terrestre. Or les mouvements tectoniques sont souvent supérieurs à l’élévation marine. En outre, c’est l’érosion qui est importante pour les activités humaines, et c’est un phénomène qui n’a rien à voir avec le climat.
Concernant les glaces, si la calotte du Groenland a diminué, la plus importante et de loin, celle de l’antarctique, ne bouge guère. Le calcul cité ne fait qu’élever les océans de quelques millimètres. L’élévation du niveau des océans est principalement due à leur très lent réchauffement résiduel depuis la dernière ère glaciaire, qui induit une dilatation des eaux.
« Ces changements impactent les sociétés humaines et les écosystèmes. Ils causent des dégâts sur les infrastructures, des difficultés d’accès à l’eau et à la nourriture, des déplacements de population, une surmortalité, le développement de certaines maladies ainsi que la diminution de la biodiversité. Par exemple, 20 à 30 % des espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Ces impacts sont plus forts pour les populations et les pays les plus défavorisés, souvent plus vulnérables ou plus exposés aux événements extrêmes. »
Ce paragraphe, également catastrophiste, est, là encore, complètement infondé. Aucun « réfugié climatique » n’a jamais été enregistré : il n’existe pas de statut pour cela, et la difficulté pour le caractériser, une migration ou un déplacement de population n’a jamais de cause unique, alimente le scepticisme des experts. L’accès à l’eau et à la nourriture, quand il fait défaut, est le résultat de mauvaises gestions des pays en voie de développement, souvent liées à la corruption. Une température élevée n’implique aucunement une surmortalité : c’est le froid qui tue le plus. Par ailleurs, une température plus élevée n’implique pas moins de précipitations. Cela dépend des conditions locales. Le Sahara était plus vert il y a 8000 ans, période plus chaude que maintenant.
Quant à la biodiversité, elle est attaquée par la chasse, la contrebande d’animaux, l’occupation des territoires. Et aucune maladie n’a jusqu’à présent été provoquée par le réchauffement. La malaria sévit aussi bien en Afrique qu’en Sibérie.
Un catastrophisme militant, tout sauf une information objective
La plupart des références que j’ai prises sont tirées des rapports du GIEC ou d’organismes officiels. Il aurait été souhaitable que le Comité de Gouvernance de la Convention affiche la même prudence que les scientifiques du GIEC dans la partie vraiment scientifique des rapports, pas dans les résumés pour décideurs. L’utilisation du conditionnel aurait été la moindre des choses.
Cet exposé est à peu près le même que celui du film d’Al Gore, Une vérité qui dérange, qui a été jugé comme un outil de propagande par la Haute Cour de Londres en 2007 estimant que certaines affirmations sont fausses, et qu’elles ne résultent que d’un contexte alarmiste et d’exagération. Il est clairement dans la ligne de Greta Thunberg : faire paniquer les citoyens de la Convention, pour leur faire proposer des mesures tenant plus à la collapsologie qu’à de vrais programmes de progrès.
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