Parc nucléaire français : le véritable coût de production

Michel Gay


La production d’électricité nucléaire du parc actuel est rentable. Son exploitation doit être poursuivie aussi longtemps que possible.

L’enjeu prioritaire de la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est la réduction de la consommation d’énergies fossiles importées et émettrices de gaz à effet de serre, mais aussi la « préservation du pouvoir d’achat des consommateurs et de la compétitivité des prix de l’énergie, en particulier pour les entreprises exposées à la concurrence internationale. » 


Le coût de production du parc nucléaire actuel
Dans son rapport sur le coût de production de l’électricité réalisé en 2014 la Cour des comptes présente différentes méthodes de calcul, dont le coût courant économique, pour les futurs réacteurs, et le coût cash pour les réacteurs actuels.
Pour décider de poursuivre, ou non, l’exploitation du parc nucléaire actuel, seul le coût cash est à prendre en compte.
Pour l’exploitant, la pertinence économique dépend seulement des recettes et des coûts actuels et à venir. S’il anticipe qu’il serait moins cher de remplacer ses moyens de production, la décision de renouvellement a du sens économique.
À l’inverse, si un arrêt puis un remplacement entraînent une augmentation des coûts futurs, l’exploitant, et ses clients, font face à une perte économique.
L’évaluation de la Cour des comptes du coût cash de production était de 36 euros par mégawattheure, 36 euros/MWh, en 2015 pour une durée de vie des réacteurs de 50 ans.
Depuis cette date, EDF a annoncé des gains de coûts sur son programme d’investissement sur la période 2014-2025.
Initialement estimé à 55 milliards d’euros en janvier 2015, il a été revu à la baisse à 45 milliards avec un plan d’économies sur les dépenses annuelles de un milliard.
Le montant du coût cash de la Cour des comptes doit donc être révisé à la baisse pour prendre en compte la diminution des dépenses prévues.
Aujourd’hui, le coût de production du parc nucléaire existant calculé par EDF est de 32 euros/MWh jusqu’en 2025, Enerpresse 01 juin 2017, ou estimé à 33 euros/MWh par la Société française d’énergie nucléaire (SFEN).
Cette production nucléaire bon marché permet d’offrir aux industriels un prix de l’électricité inférieur de 25 % au prix moyen en Europe.
Elle constitue un facteur de compétitivité pour les entreprises et limite les délocalisations.

 
Pas de « mur d’investissement » à venir

Les coûts cash de production du parc nucléaire, 33 euros/MWh, sont inférieurs à la valorisation moyenne de l’électricité, 42 euros/MWh vendu par EDF à ses concurrents dits « verts ». La production d’électricité nucléaire est rentable en France.
Ainsi, ces dix dernières années, EDF a pu verser 20 milliards d’euros de dividendes à l’État, ce qui a fait dire au Président Macron en 2016 : « L’État a prélevé trop de dividendes chez EDF ».
Malgré le contexte de marché difficile, EDF est en mesure d’autofinancer les investissements à réaliser sur le parc nucléaire existant.
Le programme intitulé « Grand carénage », 45 milliards d’euros pour la période 2014-2025, comprend une part importante de dépenses de maintenance courante et de rénovations pour une exploitation au-delà de 40 ans.
Ces dépenses, soit un milliard par an en moyenne, ne représentent pas un « mur d’investissement » car elles doivent être ramenées à la quantité d’électricité produite d’environ 400 millions de MWh par an, soit 400 térawattheures (TWh).
Elles sont déjà incluses dans le calcul des 32 ou 33 euros/MWh précités.
Cet investissement est même profitable à EDF et contribuera à l’équilibre de ses comptes pour l’investissement en nouvelles capacités nucléaires.
En comparaison, les taxes diverses payées en plus par les consommateurs sur leurs factures d’électricité et de carburant sont actuellement de plus de 8 milliards d’euros par an pour subventionner le photovoltaïque et l’éolien pour une production aléatoire et fatale respective de 11 TWh et de 27 TWh en 2018, soit seulement 38 TWh au total….
La meilleure solution est donc de continuer à exploiter les réacteurs actuels le plus longtemps possible, dès lors qu’ils satisfont aux exigences de sûreté… et de cesser le développement des éoliennes et des panneaux photovoltaïques. 


Le coût du combustible
Le coût du combustible prêt à l’utilisation ne représente que 15 % environ du coût de production du parc nucléaire existant en France, et moins de 5 % du prix de vente aux particuliers.
Ce faible pourcentage permet de rendre quasiment insensible le coût de production du nucléaire aux fluctuations des cours internationaux de l’uranium.
Les importations d’uranium représentent seulement un milliard d’euros par an, à comparer aux 60 milliards pour l’importation annuelle d’énergies fossiles, gaz et pétrole. 


Démantèlement…
Pour le démantèlement, des provisions de 19,6 milliards, fin 2015, soit 337 millions d’euros par réacteur, sont enregistrées dans le bilan d’EDF et entièrement couvertes à plus de 100 % par des « actifs dédiés ».
Bien que les estimations des dépenses de démantèlement soient encore sujettes à des incertitudes, elles dépendent peu de la durée d’exploitation.
Plus longtemps est exploitée une centrale nucléaire, plus la production est importante, plus le poids relatif de son coût diminue et moins le démantèlement coûte cher par kWh produit.
La Cour des comptes montre toutefois que même un doublement de ces coûts ne conduirait qu’à une augmentation de seulement 5 % du coût de production ; et donc de 2 % du prix de vente aux particuliers. 


… et stockage des déchets
Pour la gestion et le stockage géologique des déchets nucléaires, le coût de référence a été fixé en 2016 à 25 milliards d’euros pour le projet Cigéo.
Pour faire face à ces coûts futurs, les producteurs, EDF, AREVA et le CEA, ont constitué des provisions couvertes par des fonds dédiés.
Dans le cas d’EDF, ces provisions se montent fin 2016 à neuf milliards, et atteindront 29,6 milliards d’euros « à terminaison » selon la Cour des comptes.
Le taux de couverture de ces provisions intégrant une part pour aléas et imprévus est dès à présent de 100 % compte tenu du rendement des placements et de la durée du projet prévu sur 100 ans.
De plus, la Cour des comptes estime qu’une hausse significative du coût de stockage fixé aurait un impact limité sur le coût de production de l’électricité nucléaire.
Ainsi, un doublement du devis du centre de stockage des déchets CIGEO, 25 milliards, conduirait à une augmentation de seulement 1 % du coût de production suivant la même méthode, soit 0,3 % du prix de vente.
Ainsi, malgré les dénégations des anti-nucléaires, les coûts du nucléaire existant sont donc bien connus et globalement stables, démantèlement et stockage géologique des déchets inclus.
L’énergie nucléaire est donc le moyen de production d’électricité le plus compétitif jusqu’en 2025, et même au-delà.
Un ménage allemand paie son électricité produite essentiellement par le gaz, le charbon, le vent et le soleil 75 % plus cher , 30,88 centimes d’euros/kWh, qu’un ménage français, 17,65 centimes/kWh, grâce à une production reposant sur le nucléaire.
En revanche, les énergies fossiles sont susceptibles de varier fortement, avec un coût d’énergie importée, comme le gaz, représentant plus de 50 % du coût de production de l’électricité, et une taxation des émissions de CO2 qui se met en place. 


Conclusion
Il n’y a pas de « mur d’investissement » à venir. Le coût du programme « Grand carénage » est relativement faible ramené à la quantité produite, et déjà intégré dans le coût cash.
Les coûts de démantèlement et de gestion des déchets par stockage géologique sont déjà couverts par des actifs dédiés et leur doublement aurait une influence minime sur le prix final payé par le consommateur.
Le véritable coût de production de l’électricité du parc nucléaire actuel est le coût « cash » de 32-33 euros/MWh, au moins jusqu’en 2025.
La production d’électricité nucléaire du parc actuel est rentable. Elle ne consomme pas d’énergie fossile, n’émet pas de gaz à effet de serre, et fournit une électricité bon marché. Son exploitation a de l’avenir. Elle doit être poursuivie aussi longtemps que techniquement possible car son coût faible et stable bénéficie aux ménages et à l’industrie nationale.


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