25 septembre 2019
Bonjour cher lecteur
Une petite brève pour t’expliquer pourquoi le lobby du solaire se fout de ta poire quand il déclare dans la presse :
"le photovoltaïque (PV) atteint aujourd’hui 55 €/MWh et continue de baisser. « On espère ne plus avoir besoin de subventions au secteur d’ici quelques années », précise Laurent Michel, de la Direction générale de l’énergie et du climat au sein du ministère français de l’Écologie. À titre de comparaison, le tarif régulé de l’électricité nucléaire en France est fixé à 42 €/MWh et la Cour des comptes estime que son coût réel pourrait atteindre 62 €/MWh en 2025. "
Quand on lit ça, on se dit que dans quelques années, on pourra passer naturellement du nucléaire au solaire et qu’on aura donc tous les avantages. En effet, aujourd’hui, le prix des Énergies Renouvelables (EnR) reste élevé et c'est donc un frein à leur déploiement massif. Si ce prix venait à devenir compétitif, ce frein serait levé.
En supposant que les chiffres avancés soient vrai, je vais vous expliquer pourquoi on ne peut pas s’y fier. Pour cela, je vais vous parler de mon grand père.
Mon grand père a toujours été très matinal et il a pris l’habitude d’aller acheter son pain le matin à l’ouverture de sa boulangerie à 7h. Il paye le prix que lui en demande le boulanger non sans bougonner à propos de la cuisson, des jeunes et des derniers résultats sportifs puis repars satisfait de son achat.
Il est arrivé à mon grand père de voyager dans des contrées où la boulangerie n’ouvre qu’à 8h. D’accord. Mais mon grand père a besoin de son pain avant, pour accompagner le café. Ca ne l’intéresse pas passé 8h. À la limite, si le boulanger lui faisait une ristourne, ça lui en ferait pour son midi, mais, dans le cas contraire, il préférera ne pas acheter de pain.
Vous voyez bien que le prix d’un bien de consommation varie en fonction de la demande du client. À 7h du matin, le pain vaut très cher pour mon grand père ; à 8h, il a déjà chuté de moitié et le soir il faudrait payer mon grand père pour qu’il aille à la boulangerie.
C’est en cela que le prix du kWh éolien ou solaire est sous évalué. Les modes de production électrique non pilotables vous délivrent de l’électricité quand ils le peuvent mais vous ne décidez pas du moment. En gros, même si le prix annoncé de 55 €/MWh est vrai, vous n’êtes pas forcément disposés à payer ce prix si vos besoins ne sont pas concomitants avec les moments de production.
Au contraire, les modes de production pilotables, vous délivrent du courant quand VOUS le décidez, c’est à dire à un moment où vous seriez prêts à payer très cher.
Au final, même en imaginant que le coût du solaire passe à 42 €/MWh et celui du nucléaire à 62 €/MWh, il sera quand même plus intéressant pour les consommateurs de consommer du nucléaire. Demander 42 €/MWh au milieu de la nuit en été, c’est comme demander 0.30 € pour une baguette à 21h, selon mon grand père.
En fait, pour avoir un prix que l’on puisse comparer avec le prix d’une énergie pilotable, il faut rendre ces EnR pilotables également. Pour cela il faut des moyens de stockage. En incluant le prix du stockage dans le prix du MWh non pilotable, on peut faire la comparaison. Vous imaginez bien que si on applique cette correction, on multiplie par beaucoup, beaucoup : > 5, le prix du MWh non pilotable.
Mais alors, pourquoi cette correction n’est pas appliquée dans le calcul?
La réponse est qu’aujourd’hui le réseau électrique et les moyens de production pilotables sont capables de compenser. Quand les éoliennes tournent, on baisse la puissance des centrales nucléaires. Du coup, les producteurs d’électricité intermittente gagnent de l’argent quand ils produisent même si c’est à un moment qui n’intéresse personne. En parallèle, les producteurs pilotables souffrent d’un manque à gagner.
Bref, aujourd’hui, ce sont les moyens pilotables qui payent la facture des moyens non pilotables. Dans la projection des 62 €/MWh du nucléaire, est inclus le prix de l’intermittence de l’éolien et du solaire alors que ce prix devrait être inclus dans le prix des moyens intermittents puisque ce coût additionnel leur est imputable.
En conclusion, ne comparez pas le prix du MWh d’un moyen de production pilotable et celui d’un moyen de production non pilotable. C’est n’importe quoi, dédicace à Laurent Michel, de la Direction générale de l’énergie et du climat au sein du ministère français de l’Écologie. Pour comparer il faut imputer correctement le coût de l’intermittence et du stockage aux moyens de production non pilotables.
À bientôt pour de nouvelles aventures atomiques.
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