La Science, la Confiance, l'Avenir, l'Humanité ... Mais à quoi ça sert?

(...) "les plus éduqués ont davantage tendance à rejeter le consensus scientifique. Le rejet de la science n'est pas corrélé avec le niveau d'éducation, mais avec l'idéologie."

Définition parfaite des écolos des centres-villes urbains et de leurs représentants politiques. Ces-mêmes qui malgré des centaines d'études scientifiques démontrant le caractère mortifère de l'éolien pour la Biodiversité et les êtres vivants, continuent à en faire la promotion. En creux, nous avons la confirmation, si un doute subsistait, que la majorité des élus ruraux n'étant pas les plus éduqués, sont motivés de construire une ZI d'aérogénérateurs entrainant les dégâts que l'on sait,  non pas par idéologie, mais bien par... vénalité.

TENIR TÊTE, FEDERER, LIBERER
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Historienne des sciences américaine à l'université Harvard, Naomi Oreskes a déconstruit les stratégies trompeuses des climatosceptiques. Elle explique pourquoi les consensus scientifiques sont dignes de confiance, et souligne l'importance du caractère social et collectif de la science.

Les sciences affrontent une crise de confiance de la part du public. La contestation porte en particulier sur certains sujets : le changement climatique, la théorie de l'évolution ou la vaccination. Par nature, les sciences sont faites d'incertitudes, et la communauté scientifique tient aujourd'hui pour justes des idées qu'elle rejetait il y a quelques dizaines d'années. Pourquoi, alors, lui faire confiance ? Cette question préoccupe Naomi Oreskes. Géophysicienne de formation, elle s'est tournée vers l'histoire des sciences. Elle a soutenu une thèse sur le long rejet dont a fait l'objet la théorie sur la dérive des continents - formulée par Alfred Wegener dans les années 1910, mais acceptée seulement cinquante ans plus tard. Selon elle, deux choses sont essentielles pour endiguer la contestation envers les sciences. D'abord, mettre au jour les motivations économiques et politiques de ceux qui promeuvent le déni. Et expliquer, avec humilité, en quoi consiste la démarche scientifique, sur laquelle les chercheurs eux-mêmes se font parfois des idées fausses.

La Recherche Votre dernier livre tente de répondre à la question : « Pourquoi avoir confiance en la science ? » En quoi est-elle cruciale aujourd'hui ?
Naomi Oreskes : d'un côté, les sondages d'opinion montrent qu'il n'y a pas de défiance généralisée envers la science, même aux États-Unis. Cette défiance ne se manifeste que sur des sujets précis, comme la théorie de l'évolution, les vaccins ou le changement climatique. D'un autre côté, la méfiance envers les experts ou l'idée que la vérité serait quelque chose de personnel sont des phénomènes qui se sont répandus ces dernières années, partout dans le monde. C'est pourquoi un sentiment d'urgence a stimulé l'écriture de ce livre, même s'il reste un ouvrage académique. Si nous, scientifiques, ne sommes pas capables de dire pourquoi nous devrions avoir confiance en la science, alors nous avons peu de chance de convaincre nos concitoyens, et encore moins notre personnel politique, qu'il faut que les enfants soient vaccinés ou qu'il est nécessaire d'agir contre le changement climatique.

Quelles idées fausses nous faisons-nous sur ce qu'est la science ?
La principale idée fausse consiste à invoquer « la méthode scientifique » au singulier. Beaucoup de scientifiques en parlent, quand bien même ils ne l'utilisent pas en pratique. C'est un mythe ancré très profondément, qui sera dur à déboulonner. Si l'on examine l'histoire des sciences, on constate qu'il existe toute une variété de méthodes. Si l'on tente d'en extraire une, qui serait la « bonne », ni l'histoire des sciences, ni la philosophie des sciences ne l'étaye. En effet, la méthode hypothético-déductive, celle à laquelle on pense naturellement lorsqu'on parle de méthode scientifique, n'est pas valide d'un point de vue épistémologique.


L’aspect collectif du travail scientifique est important. Ici, les physiciens Albert Einstein, Paul Ehrenfest, Paul Langevin, Heike Kamerlingh Onnes et Pierre Weiss (de g. à d.), en 1920. Crédit photo : Oxford Science Archive / Heritage images/getty images 

 
Pourquoi ?
Cette méthode consiste, pour un scientifique, à formuler une hypothèse, de laquelle il déduit des conséquences, qu'il essaie de tester par des observations. Toutes ces étapes sont valides. Le problème se trouve dans les liens entre chaque étape. Selon cette méthode, la théorie vient avant l'expérience. Si l'expérience confirme la théorie, alors le scientifique peut dire que sa théorie est vraie. C'est là que le problème éclate. Les historiens ont montré en pratique, et les philosophes en théorie, qu'une théorie vraie peut faire des prédictions fausses et vice versa. Le système astronomique de Ptolémée [où la Terre est immobile au centre de l'Univers, NDLR] constitue un exemple très clair. Tous les scientifiques sont aujourd'hui d'accord : cette théorie est fausse. Pourtant, elle fait des prédictions justes. En particulier, elle a permis de prédire avec succès l'heure et la date des éclipses. Elle a donc franchi les étapes de la méthode hypothético-déductive. Mais cela ne suffit pas.

Il existe d'autres façons de définir la méthode scientifique, que vous déconstruisez également. Par exemple, le philosophe Karl Popper affirme, dans son livre La Logique de la découverte scientifique (1934), qu'une théorie n'est scientifique que si elle peut être réfutée par l'expérience.
Oui, c'est l'idée de réfutabilité [aussi appelée falsifiabilité, NDLR]. La vérité serait asymétrique : nous ne pourrions pas prouver qu'une théorie est juste, mais nous pourrions prouver qu'elle est fausse. Les scientifiques devraient donc chercher à réfuter leurs théories. La réfutabilité est une notion puissante, très attirante pour de nombreux chercheurs. Mais, encore une fois, elle échoue à décrire le travail de recherche. Ce n'est pas ce que les scientifiques font en pratique. Ils collectent autant d'indices qu'ils peuvent en faveur de leur idée. Pour eux, c'est le rôle de leurs collègues de les critiquer, de trouver des failles. Avoir un bon esprit scientifique consiste à être ouvert à cette critique. C'est l'oeuvre de la communauté scientifique. Cet aspect collectif a été quasiment ignoré par Popper. Même en théorie, l'idée de réfutabilité ne fonctionne pas, comme l'ont montré les réflexions du physicien français Pierre Duhem [notamment dans son livre La Théorie physique, son objet, sa structure, paru en 1906, avant même les travaux de Popper, NDLR], poursuivies par le philosophe américain Willard Quine dans la seconde moitié du XXe siècle. Imaginons que je fasse une expérience et qu'elle échoue à confirmer ma théorie. Suivant Popper, je devrais dire que j'ai réfuté ma théorie et rejeter cette dernière. Cependant, en pratique, la première chose que j'imagine est qu'il y a un problème avec mon dispositif expérimental. Peut-être l'instrument était-il mal calibré, peut-être ai-je fait une fausse manipulation. Parfois, avec beaucoup de travail, on peut arriver à identifier l'erreur expérimentale. Mais c'est souvent impossible. Et si l'hypothèse théorique en question est très bien établie par ailleurs, tel le fait que l'énergie se conserve, pour reprendre l'exemple de Duhem, alors, malgré le résultat de mon expérience, je ne vais pas rejeter cette hypothèse.

Face à ces idées fausses, vous rappelez qu'a émergé un point de vue qui prend en compte l'aspect collectif du travail scientifique.


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« Le consensus scientifique est le meilleur indicateur de vérité que nous ayons »

Propos recueillis par Sylvain Guilbaud 
décembre 2019


 



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