Énergies renouvelables : plus chères et inadaptées

Énergie et matières premières
Par Jean-Pierre Bardinet
Publié le 16 janvier 2017

Le problème des énergies renouvelables intermittentes est qu’elles ne sont pas pilotables, elles sont donc inadaptées à la demande.


Wind energy By: Tony WebsterCC BY 2.0

La France, premier exportateur européen d’énergie électrique, dispose d’un mix électrique traditionnel (thermique, hydraulique, nucléaire) capable de bien gérer les heures de pointes et, le plus souvent, les périodes difficiles de grand froid.

Mais, pour des raisons dogmatiques, et pour « sauver la planète », nos dirigeants ont décidé, à la suite du Grenelle de l’Environnement, de nous inonder d’éoliennes et de panneaux solaires, sans se poser la moindre question sur les performances de ces technologies, de leur adaptation aux fluctuations de la demande. Et surtout, sans se soucier des conséquences pour les entreprises et les citoyens, tant au niveau du prix du kWh que de la qualité de la fourniture.

Énergies renouvelables : quelques chiffres

Pour fixer les idées, voici les chiffres de l’éolien et du solaire, tirés du rapport RTE 2015.

Puissance installée totale : 129 310 MW Production nette : 546 TWh
Éolien : Puissance installée : 10,3 GW Production : 21,1 TWh
Facteur de charge : 23%. Part de production dans le mix énergétique français : 3,9%
Solaire : Puissance installée PV : 6 191 MW Production : 7,4 TWh
Facteur de charge :14% Part de production dans le mix énergétique français : 1,4%

Voici les chiffres des prix du kWh EnR :
Éolien : 8,2 c€/kWh pour le terrestre et 20 c€/kWh pour le marin, soit 2 fois et 5 fois plus que le nucléaire.
Solaire : 20 c€/kWh pour les grandes installations et 31 c€/kWh pour les petites installations, soit 5 fois et près de 8 fois plus que le nucléaire.
Hydroliennes : 40c€/kWh.

Énergies renouvelables : une intermittence problématique
On nous a affirmé que les EnR intermittentes (EnRi) allaient faire baisser le bilan carbone. Or, c’est faux, car il faut gérer l’intermittence (aléatoire pour l’éolien, fonction des heures de la journée et du cycle des saisons pour le solaire). Pour cela, il faut en soutien permanent des centrales thermiques.

Le problème, c’est que ces centrales thermiques sont inutiles quand la production des EnRi est forte, mais elles sont indispensables quand la production des EnRi est faible.

Les expériences de nos voisins espagnols, danois et allemands, qui ont le plus développé les EnRi, montrent que les EnRi font monter le prix du kWh (30 c€/kWh pour le Danemark et l’Allemagne, 24 c€/kWh pour l’Espagne), et qu’il y a une équation insoluble : pour pallier une production faible d’EnRi, il faut des centrales thermiques, mais quand la production des EnRi est forte, il faut arrêter ces centrales thermiques, ce qui fait qu’elles sont à la fois nécessaires et non rentables…
 
Le prix des énergies renouvelables n’est pas comparable au prix du mégawattheure traditionnel
1MWh éolien ne vaut pas 1 MWh thermique, nucléaire ou hydraulique. En effet, ce dernier MWh est pilotable, donc toujours utile, fonction de la demande. Alors que le MWh intermittent est inutile quand la demande est faible (et il est alors revendu à perte) et il pose problème quand la demande est forte et que la production des EnR est marginale (en hiver, par temps froid, avec un anticyclone sur le pays).

Par ailleurs, les EnR disséminées sur les territoires nécessitent des infrastructures lourdes et onéreuses (lignes HT, transformateurs, smart grids, …) et des centrales thermiques en appoint permanent. C’est particulièrement vrai en Allemagne, où la production de l’éolien se fait dans le Nord du pays, alors que la plus forte demande se situe dans le Sud. Donc comparer le prix du kWh intermittent avec celui du kWh pilotable revient à comparer des grandeurs non comparables.

Conclusion
Les énergies renouvelables intermittentes ne sont pas pilotables, sont inadaptées aux fluctuations de la demande, trop chères, génératrices de problèmes d’externalité, de problèmes de santé publique et de massacres de la gent ailée pour l’éolien. Leur bilan carbone, censé être quasiment nul et « sauver la planète », est catastrophique. Bref, le développement inconsidéré de cette filière, qui repose sur une idéologie radicale et irrationnelle, et non sur la raison, n’aurait jamais dû être engagé.

Nous avons perdu plus de 20 ans à cause de cette idéologie verte. En effet, nous aurions pu, dès les années 1990, développer la filière du réacteur à sels fondus de thorium (testée avec succès en 1970 à Oak Ridge) et la surgénération 238U (testée avec succès par Phénix et Superphénix – un nouveau projet de pilote, Astrid, est en cours) et 232Th. Nous disposerions sans doute des premières centrales avec ces technologies innovantes et nous n’aurions plus aucun souci à nous faire pour la production d’énergie électrique compétitive et pilotable, et ce, pour plusieurs millénaires.

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