Le système électrique va souffrir des grands froids à venir mais il n’y aura pas de black-out

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Ludovic Dupin EDF , Nucléaire
Publié le 13/01/2017


Commentaire:  Quand on pense que certains préconisent le 100% renouvelable avec la sortie totale du nucléaire.... Un retour au 19 siècle? Faut-il une telle situation pour que le "nucléaire bashing" cesse une bonne fois pour toute? Aux citoyens de décider: stop ou encore?
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Des températures négatives toute la journée et inférieurs à -10°C la nuit. Les chauffages vont tourner à plein régime, ce qui va mettre le réseau électrique sous-tension alors qu’une partie des moyens de production ne sera pas accessible. Mais RTE a un plan pour éviter
tout black-out.


 
© Autowitch - Flickr - C.C.
La semaine du 16 janvier, il va faire froid, très froid ! Selon les prévisions retenues par RTE, le réseau de transport électrique en charge d‘assurer la sécurité d’approvisionnement en France, les températures seront de 3 à 8,7°C en dessous des normales saisonnières. On se rapproche du pire scénario évoqué par François Brottes, le Président de RTE, à l'occasion de la présentation de son bilan prévisionnel sur l’hiver 2016-2017 en novembre dernier. "Cet hiver est placé sous forte vigilance. Certains jours de l’hiver, à certains moments de la journée, nous pourrions être amenés à mobiliser des moyens exceptionnels", expliquait-il.

Ce moment est clairement arrivé
Selon les prévisions du régulateur du réseau, la pointe de consommation pourrait atteindre 101 600 MW jeudi 19 janvier à 19 heures. On se rapprochera donc du record absolu atteint le 8 février 2012 à 102 098MW. En théorie, la France possède une capacité installée de 130 000 MW mais l’ensemble n’est pas disponible. Les 7 000 MW de solaire sont inutilisables lors des pics de consommation car il fait déjà nuit et les régimes de vents ne permettront que profiter partiellement des 11 000 MW d’éolien.



Manque de nucléaire
Ce sont donc les centrales hydrauliques, thermiques et surtout nucléaires qui vont tourner à plein régime. Or, il plane une forte incertitude sur ce dernier outil. Ces derniers mois, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a demandé la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs pour explorer des risques d’anomalies. L’ASN a autorisé le redémarrage de neuf des douze réacteurs concernés. EDF en a déjà remis en service sept et un huitième est attendu pour être reconnecté au réseau le 16 janvier.

Par ailleurs, le gendarme du nucléaire a demandé à EDF de stopper deux réacteurs supplémentaires. Mais EDF a demandé de reporter cette décision de deux semaines en raison de la vague de froid à venir. L’autorité l’a autorisé pour un des deux réacteurs : Tricastin 2 : "L'ASN a considéré ce report comme acceptable au regard de la sûreté et a fixé au 3 février 2017 l'échéance des contrôles", explique l’Autorité. Au final, EDF ne devrait pas avoir accès à 5 de ses 58 réacteurs de son parc qui affiche une puissance totale de 63 100 MW.

Un parc nucléaire en deçà de ses capacités maximales, des ressources renouvelables quasiment nulles hors hydraulique. La situation va être tendue pour RTE qui doit assurer l'équilibre entre l’offre et la demande. Ceci dit, le risque de pénurie d’électricité est modéré puisque RTE a prévu plusieurs barrières avant d’arriver à de telles extrémités. Premièrement, la France pourra bénéficier des interconnexions avec l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne. Le maximum théorique permet d’importer 12 200 MW. RTE pense que 7000 MW seront disponibles par ce biais. La vague de froid touche toute l’Europe mais nos voisins utilisent moins le chauffage électrique que les français.

Au pire, de délestages programmés
Deuxièmement, RTE peut faire appel à l’effacement. Il s’agit de consommateurs industriels ou particuliers qui vont volontairement, sur demande du gestionnaire de réseau, diminuer leur consommation temporairement. L’effacement disponible atteint 3150 MW pour cet hiver. Troisièmement, RTE a passé des contrats d’interruptibilité avec 21 industriels très consommateurs dans le secteur de l’aluminium et de l’acier par exemple. Ils sont en mesure de couper leur consommation en moins de 5 secondes. Ces acteurs ont été recrutés par un appel d’offres de RTE. Ensemble, ils peuvent diminuer les besoins jusqu’à 1500 MW.

Quatrièmement, RTE va faire appel aux gestes citoyens à travers des alertes envoyées sur smartphone via son application "Eco2mix". Il s’agit de messages qui alertent les usagers sur les pics de consommation à venir et les appellent à des éco-gestes comme différer l’usage de certains appareils (lave-linge, sèche-linge…), baisser légèrement le chauffage, éteindre les lumières des pièces inoccupées, etc. Chez RTE, on estime que, selon la mobilisation, ce dispositif peut représenter de 1000 à 5000 MW.

Cinquièmement, RTE peut décider de baisser la tension électrique sur les réseaux de distribution de 5 % : cela entraîne une baisse de l’efficacité et du rendement de certains appareils électriques mais sans couper aucun usage. 4 000 MW peuvent être récupérés par ce biais, soit l'équivalent de la consommation de Paris et Marseille réunis. Sixièmement, en cas d'extrême nécessité, RTE peut réaliser des délestages programmés. Il s’agit de coupures contrôlées de l’électricité dans certaines zones du réseau. Un client ne peut pas être coupé plus de deux heures, c’est pourquoi RTE prévoit un délestage tournant.


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