Rien de tel que de retourner sur le terrain lorsque l’air de Paris vous déprime, des séjours de Saumur à la Vendée, avec un détour par Albi , Gaillac et Pampelonne m’ont permis de prendre un peu de recul et de rencontrer des gens qui ont le sens des réalités et qui observent à la fois leur paysage et leurs notes d’énergie. La « foi » dans les énergies nouvelles et la perspective de voir doubler ou tripler les édifices éoliens à travers le pays ne passent pas : finalement les idiots ne sont pas chez les « ploucs » et cela me fait plaisir. Mais les autres, ceux qui à la fois préconisent et veulent décider que leur arrive-t-il, et comment expliquer l’enthousiasme des commentateurs ?
Tout d’abord tous les chiffres qui ont été communiqués et abondamment diffusés sans citer les sources, (l’ Évangile c’est l’ Évangile !) parlent des énergies « renouvelables », ils intègrent donc l’hydraulique qui est la majeure partie de la production en question. L’hydraulique est « pilotable » et son intérêt économique est incontestable, elle fait la richesse de la Norvège qui a pour cette raison favorisé l’émergence d’un vaste secteur de véhicules électriques. Les bio-énergies ou la méthanisation pourraient s’avérer également pilotables, mais les chiffres ne sont acceptables que s’il s’agit de déchets qui justifient les subventions. Les deux autres sources, éolien et solaire sont « intermittentes » et leur justification économique est discutable sauf si l’on continue à confondre les puissances installées avec les productions, autrement dit si l’on parle des Kilowatts et non des kilowatts-heure. J’avais le sentiment que ces notions étaient au programme des études secondaires en France, mais cela a peut-être changé depuis ! (Il est clair que des circuits « courts », c’est-à-dire l’auto-utilisation modifient profondément les calculs)
Dans tous les cas de figure il serait bon de maintenir notre potentiel hydraulique national et ce n’est visiblement pas ce qui est souhaité, on va brader pour des raisons « européennes » notre bien commun, les barrages et leur production, actuellement géré par EDF et l’on a vendu notre fleuron national, les turbines Alstom-Hydraulique à General Electric qui n’en fait rien et commence par réduire de moitié le potentiel scientifique et technique situé à Grenoble ! Y-a-t-il un mot sur cette question essentielle depuis un mois ? Une interrogation ? Rien ! On ne veut donc pas parler de la partie pilotable des renouvelables, et l’on veut régler la consommation électrique du pays en augmentant les énergies intermittentes en mettant des cierges pour que les problèmes liés au stockage de l’électricité se résolvent…il n’y a que la foi qui sauve n’est-ce-pas ?
S’appuyant sur des calculs incontrôlables mais affirmés de façon péremptoire , la technocratie nous assure que le pays peut tourner avec 40% d’énergies renouvelables ! Y inclut-on les 11% d’hydraulique ? On peut le souhaiter, mais reste 29% et donc la nécessité de multiplier par 5 non pas les kilowatts mais les kilowatts-heure ! Il ne suffira pas de couvrir les toits de cellules photovoltaïques et nos campagnes d’éoliennes, il faudra de nouveau mettre des cierges pour que le vent et le soleil nous soient accordés…quand nous en aurons besoin !(j’ai suffisamment parlé de l’aberration de la ferme éolienne prévue en baie de Saint-Brieuc pour tuer notre réservoir de coquilles Saint-Jacques)
Enfin notre pays doit donner l’exemple historique de fermer ses dernières centrales à charbon qui empêchent nos idéologues de dormir tout en permettant à la Bretagne de ne pas risquer quelques nuits dans le noir ! Mais il faut donner l’exemple à la planète, à l’Allemagne, la Pologne, l’Inde, la Chine…tant pis pour les Bretons (où c’est déjà la Bretagne ?) et surtout tant pis pour les techniciens qui travaillent depuis cinq ans pour remplacer le charbon par des déchets de bois de la région !
Bien sur ce programme magnifique permet de bâtir un programme de fermeture des centrales nucléaires, impies aussi, mais pour une autre raison que le C02 , cette fois c’est la peur et les fameux déchets. On commence par freiner les programmes sur la fusion nucléaire, et ensuite on constate que l’on ne fait pas suffisamment d’efforts sur les déchets …tout cela est pitoyable puisqu’on célèbre par ailleurs l’envolée du véhicule électrique qui reste dans notre pays un véhicule nucléaire. Fermer quelques centrales ne résout rien, on parle de quoi ? Du danger ? Il suffit qu’il y en est une qui reste ! Des déchets, on les a ! Nous avons fait le choix du nucléaire il y a des années, nous allons vivre avec ce choix des dizaines d’années, et nous devons l’assumer ou partir. La planète « France » est nucléaire, il ne sert à rien de faire l’autruche, il faut, au contraire, progresser dans la sureté et l’utilisation des déchets.
Le pire est à venir, c’est celui des décideurs qui nous promettent vite une société sans utilisation d’énergies fossiles. Ne tombons pas dans les arguments triviaux qui sont ceux de leurs voyages fréquents en avion, ce serait mesquin. Parlons plutôt de la vie quotidienne des 7 milliards d’humains sans fossiles ! Enlevez donc de votre environnement les produits de raffinerie ! La terre a accumulé pendant des millions d’années, gratuitement pour nous, du charbon, du pétrole et du gaz, et nous en avons tiré notre civilisation industrielle avec sa mobilité et ses produits de consommation. Nous sommes bien tous conscients de la nécessaire transformation de nos habitudes avec du développement durable, du recyclage et du contrôle démographique, mais de là à vouloir éradiquer dans un seul pays, le nôtre, l’utilisation des énergies fossiles, il y a un grand pas que seuls des idiots veulent faire.
L’utopie, le rêve, la poésie, sont essentiels pour faire avancer les sociétés, l’attrait pour le soleil et le vent je le partage tous les jours, comme celui pour la mer, la forêt, la nature et je comprends que les jeunes citadins aient envie d’autre chose que l’avenir bétonné qu’on leur propose. L’idée qu’avec le vent, le soleil et la houle on puisse maintenir notre potentiel économique et social est belle, et leur dire que c’est un déni de réalité ne peut pas les satisfaire. Mais que des adultes qui ont suivi une scolarité normale avec des programmes de physique, de chimie et de biologie nous assènent quotidiennement le niveau d’âneries auxquelles nous sommes confrontés me parait de plus en plus insupportable.
Le monde va vivre dans la cohabitation de toutes les sources d’énergie, les lois de la thermodynamique vont continuer à s’appliquer, les lois de l’évolution aussi, et il m’apparait impératif que nos programmes scolaires maintiennent l’étude et la compréhension de la physique, de la chimie et de la biologie car un pays qui s’enfonce comme le notre dans le déni de réalité aura du mal à survivre .
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