Ces matières premières à haut risque pour l'industrie mondiale

Muryel Jacque
Emmanuel Grasland
29/06 /2018



La montée en puissance des véhicules électriques et du stockage de l'énergie bouleverse les besoins des industriels en matières premières. - Shutterstock

La transition énergétique rebat les cartes de l'utilisation des matériaux. Du cobalt aux terres rares, le World Materials Forum classent six d'entre eux « rouge vif ».
Pour les industriels, la course mondiale à l'électrification entraîne une dépendance d'un nouveau genre aux matières premières. Mais, à l'heure où la transition énergétique est encore balbutiante, les besoins futurs demeurent difficiles à mesurer. Que l'on soit un fabricant de smartphones américain, un équipementier automobile français ou un sidérurgiste japonais. Pour faciliter leur tâche, le World Materials Forum (WMF), un « Davos des matériaux » créé par Victoire de Margerie et Philippe Varin, réuni actuellement à Nancy, a mis au point un outil d'évaluation de la criticité des matériaux.

Des experts du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de CRU Group et de McKinsey ont travaillé ensemble et passé au peigne fin plus de cinquante éléments chimiques du tableau périodique de Mendeleïev. Six critères ont été pris en compte : le nombre d'années de réserves connues, l'incertitude sur l'offre et sur la demande du matériau, l'exposition politique, l'existence d'une filière de recyclage et la vulnérabilité à l'absence de substitution.

Des contraintes d'approvisionnement folles
Résultat, pour la première fois, une liste restreinte a été établie des minerais et métaux les plus critiques, c'est-à-dire dont la rupture d'approvisionnement pourrait avoir des conséquences importantes pour ses utilisateurs.
Six d'entre eux ont été marqués en rouge vif, car présentant un « risque très élevé » : le cobalt, le tungstène, l'étain et trois terres rares (le praséodyme, le néodyme et le dysprosium). Trois autres ont une « haute probabilité de risque accru » : le nickel, le cuivre et le zinc.

La présence des terres rares et du cobalt, ces matériaux essentiels aux smartphones, aux batteries des voitures électriques ou aux éoliennes, ne surprend guère . « Environ 50 % de la production minière vient de la République démocratique du Congo », a expliqué le responsable de CRU Consulting, David Trafford. Arborant des lunettes de soleil sur scène, Robert Friedland s'est fait alarmiste. « Ne vous y trompez pas ! Les contraintes d'approvisionnement sur le cobalt sont absolument folles », a martelé le dirigeant du groupe minier Ivanhoé Mines.

Des matières premières inattendues figurent toutefois aux côtés de ces « usual suspects » qui ont focalisé l'attention de l'audience lors de la présentation de l'étude. Le tungstène , par exemple, ne présente pas de problème d'approvisionnement. Mais il s'avère impossible à remplacer dans la fabrication de certaines pièces aéronautiques. Par ailleurs, après des années de sous-investissement dans l'exploration, il ne reste plus que 17 années de réserves d'étain - que l'on trouve en Indonésie, à Myanmar et en Chine.

Rester humble
« Cette évaluation est utile à tous et dans le monde entier, assure Victoire de Margerie, qui souhaite en faire une référence internationale. Elle sert aux fournisseurs de matières premières, aux utilisateurs, aux acteurs publics ou privés, aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie. Chacun peut pondérer en fonction de ses objectifs et contraintes particulières. »
Mais, il faut aussi rester humble, concède-t-elle. De fait, les participants au forum ont souligné à quel point les incertitudes en matière de mobilité électrique étaient grandes. « L'électrification des véhicules est une tendance de fond, mais c'est la seule chose dont on soit sûr. Personne ne sait à quel rythme elle va arriver », a reconnu Patrick Koller, le directeur général de l'équipementier automobile Faurecia.

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