Et pendant ce temps là dans la future Haute-Marne, quel était la situation politique et sur le terrain?
(...) C'est en qualité de Lieutenant Général du Royaume que François de Guise parvient aux plus hautes fonctions en 1560. L’accession de la famille au gouvernement attise les rivalités des clans, dont le premier épisode aboutit à la répression sanglante d'un complot de mécontents calvinistes, à Amboise, en mars 1560. La mort précoce du roi met les Guise à l'écart mais n'abat pas leur puissance. Pendant la minorité de Charles IX, la régente Catherine de Médicis tente d'ouvrir le dialogue entre les deux parties. Mais l'échec des entretiens entre catholiques et protestants ne fait qu'augmenter les tensions. Même l'édit de janvier 1562, autorisant avec des clauses restrictives l'application du culte réformé hors des villes, ne satisfait personne. C'est dans ce contexte d'excitation extrême que se produit l'irréparable.
Le massacre de Wassy, détonateur des guerres de religion
Dimanche 1er mars 1562, 1200 protestants assistent au prêche dans la grange qui sert de temple à l' Eglise Réformée de Wassy, installée depuis quelques mois par celle de Troyes. À son retour de Saverne, le duc de Guise et son frère Charles cardinal de Lorraine, accompagnés d'une escorte de gentilshommes armés, pénètrent dans la ville. Surprenant les protestants sur leur lieu de culte, ils perturbent de coups de feu la cérémonie. Y a t-il eu préméditation à la provocation? Toujours est-il qu'ils investissent la grange, tirent sur l'assistance et tous ceux qui tentent de s'échapper, laissant 74 victimes et une centaine de blessés. Le pasteur de Wassy, Léonard Morel, est enfermé dans un cachot de Saint-Dizier. Il y demeurera 14 mois. Les Réformés de la ville se réfugient à Trémilly que détient un seigneur huguenot. Après l'affreux carnage, le duc gagne Eclaron et se dirige lentement vers Paris où la nouvelle du massacre l'a précédé. Il y reçoit un accueil chaleureux qui inquiète les protestants conduits par le prince de Condé. Ceux-ci prennent les armes. La reine mère, Catherine de Médicis devient la proie des factions, la guerre civile a commencé.
Première guerre : les réactions protestantes
Le cycle des représailles plonge le pays dans l'anarchie. De part et d'autre, les excès font rage dans les campagnes et dans les bourgs. Ils sont orchestrés par les principaux chefs en présence : le duc de Guise, Montmorency... pour les catholiques, le prince de Condé, Coligny...pour les protestants. [...] Le duc de Guise lui-même est assassiné par un huguenot, Poltrot de Méré, à Orléans en février 1563. [...] Condé, chef des protestants, est abattu à son tour en 1569. Coligny, apparaît alors comme son successeur à la tête des huguenots. Introduit à la cour à des fins politiques (règlement du mariage entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois), ce dernier prend un tel ascendant sur le roi qu'il devient la cible des Guise et de Catherine de Médicis. ... D'un commun accord, ils décident d'agir pour se débarrasser de Coligny et de ses partisans. Persuadé par sa mère qu'un complot protestant se trame contre sa personne, le roi consent à faire massacrer les huguenots à Paris. Le jour de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), les principaux chefs calvinistes sont éliminés. Mais on assouvit aussi des vengeances personnelles : le protestant Antoine de Clermont d'Amboise, héritier du marquisat de Reynel y est assassiné par son cousin et rival de Bussy. Notre région réagit à ces évènements. À Joinville, quatre mois après, Henri de Guise invite la noblesse locale à se rassembler autour du roi. Dans le Bassigny, les protestants répondent violemment aux atrocités parisiennes. Ils incendient Andelot et prennent par surprise le château de Choiseul en avril 1573. À l'initiative du cardinal de Lorraine, ils en sont délogés par les armes : on dénombre 80 exécutions sommaires. Les moines de Morimond on dû se réfugier à Langres pour éviter des représailles, le pays est ruiné. Charles IX meurt en 1574. Son frère, qui lui succède sous le nom de Henri III, est reçu triomphalement à Chaumont en janvier 1575; mais les guerres civiles n'ont pas cessé. L'année suivante, à la demande de Henri de Condé, les 16 000 reîtres du prince palatin, alliés des calvinistes français, reviennent à la charge. Ils franchissent la Meuse, envahissent la France, mettent le Montsaugeonnais à feu et à sang, incendient à nouveau Marcilly, dévastent Le Pailly et le château de style renaissance du maréchal de Tavannes impliqué dans les massacres de la Saint-Barthélemy. C'est en arrêtant les reîtres à Dormans en Champagne que le duc de Guise reçoit sa fameuse balafre. Les villes demeurent en éveil permanent derrière leurs remparts. Langres, Chaumont, Saint-Dizier consacrent des sommes énormes à leur sécurité.
Grenant
Ce village est bâti sur le Salon (ou Saulon), affluent de la Saône. Plusieurs étymologies sont possibles : selon Dauzat et Rostaing, ce nom exprime probablement un "lieu ou les céréales grènent bien". Selon E. Leclerc et J. Abraham, l'origine de ce nom vient de la langue gauloise (Gravonantos) et signifie "vallée sablonneuse". c'était à Grenant que la voie romaine Langres-Besancon franchissait le Salon. Le pont de pierre actuel, composé de dix arches, construit en 1741 a été restauré en 1820.
-L'église reconstruite en 1786 et en partie au 19ème siècle, est dédié à Saint-Martin, évêque de Tours, qui serait passé à Grenant. Il est à noter que, la veille de la fête de ce saint patron, les jeunes conscrits, paraît-il, vont accrocher des images de l'évêque de Tours aux portes des maisons. De 1790 à 1802, Grenant est choisi pour devenir chef-lieu de canton.
-Natif du village, Nicolas Colin (Grenant, 12 décembre 1730- Paris, 1er ou 3 septembre 1792) refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé. Il fut incarcéré à la prison parisienne de Saint-Firmin avec ces 1 600 prêtres et royalistes massacrés par des sections révolutionnaires, sous l’impulsion de Marat, durant les premiers jours de septembre 1792.
-Le village de Grenant est dominé, au Sud, par un relief de 318 mètres d'altitude, le Mont-Rochotte sur lequel a été bâtie la chapelle Saint-Germain. Le saint serait passé par là, lui aussi, et aurait laissé l'empreinte de son pas dans le rocher. Derrière cet édifice, on avait coutume d'enterrer, jusqu'en 1840, les enfants morts sans avoir reçu le sacrement du baptême.
Saulles
-Ce petit village tire probablement son nom du cours d'eau (le Saulon) en bordure duquel il est situé.
-Eglise Saint-Symphorien : 18° (1780) et 19° siècles. (Vierge de la Miséricorde, 18° siècle).
-Vieille bâtisse avec échauguette d'angle en bordure de la route.
-Château construit en 1761 par Henri Plubel, chanoine de Langres, et restauré en 1842.
-En septembre 1944, la vallée du Saulon est empruntée par les colonnes allemandes qui remontent vers le Nord-Est. Le général Brodowski, responsable du massacre d' Oradour le 10 juin, commande l'une de ces divisions en fuite. Le 11 au soir, trois jeunes infirmières et deux FFI sont surpris. Ces deux derniers sont abattus et les jeunes filles atrocement torturées et assassinées (Plaque commémorative).
Extraits tirés de "Harmonies haut-marnaises", p.181, p.183 et p.217.
Roger Petitpierre, Claude Petitpierre, Guy Salassa, l'Escarboucle Chaumont, 1987,
Lire
capture d'écran@jhm.fr |
@jhm.fr |
php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire