Plan hydrogène : les étranges choix de Nicolas Hulot

Loïk Le Floch-Prigent

Comment ne pas être désarmé par l’idéologie verte ? On voudrait applaudir à des vues ambitieuses et des programmes mobilisateurs, et l’on se retrouve avec des annonces de dépenses publiques de cent millions d’euro pour favoriser l’hydrogène « vert ».
L’hydrogène est clairement une alternative pour dépolluer les villes sans passer par la généralisation des véhicules électriques. Les patrons de l’automobile mondiaux suivent avec attention le comportement des consommateurs pour savoir s’ils vont investir lourdement dans la génération actuelle de véhicules électriques ou s’ils vont attendre une seconde génération moins gourmande en lithium et cobalt ou une économie du moteur à hydrogène ou de la pile à combustible à hydrogène. Tous dépensent des centaines de millions à étudier les alternatives et il ne faut pas se tromper car les investissements de production sont lourds et peuvent « tuer « les entreprises qui les auraient réalisés imprudemment.

D’un coté, des batteries dont le prix est incertain et le recyclage complexe, de l’autre un combustible très réactif qui doit être manié avec précaution (stockage et remplissage). L’idée d’utiliser ce combustible universellement avait germé lors des chocs pétroliers de 1973 pour conserver notre indépendance, avec les centrales nucléaires effectuant l’électrolyse de l’eau et fournissant ainsi hydrogène… et oxygène. Ce n’est pas 100 millions d’euro qui ont été dépensés à cette époque mais bien plus, et il y a donc dans les cartons quantités de programmes potentiels en la matière.
Cependant, l’histoire a tourné en sens inverse, le pétrole n’a pas augmenté autant que prévu alors que la fourniture d’électricité a plutôt augmenté ses prix. Pendant une longue période devant nous, le prix de l’hydrogène par électrolyse sera plus élevé que celui de l’hydrogène issu des raffineries de pétrole ! C’est la raison essentielle du maintien des combustibles fossiles (gazole et essence) dans nos véhicules.

Maintenant, le problème de pollution des villes peut, dans les pays riches, changer la donne, et l’hydrogène peut devenir un combustible « propre » que nos agglomérations polluées attendent, mais cela nécessite un changement radical, et les pays les moins démocratiques seront les mieux adaptés à cette évolution. Seule la coercition peut conduire à la modification complète de réseaux. La Chine fait cet effort sur le véhicule électrique, il n’est pas question de savoir si elle est en avance ou en retard, mais ce qu’elle réalise, aucun pays occidental n’est capable de le faire aujourd’hui.
Mais ce qui est sûr, c’est que le problème de l’hydrogène vert, c’est-à-dire issu d’énergie renouvelable produisant de l’électricité puis fournissant de l’hydrogène par électrolyse n’est qu’anecdotique. Tous les rendements successifs sont affreux et conduisent à un prix de la "verdeur" inacceptable pour une économie libérale. L’électricité de l’énergie éolienne ou solaire est encore hors de prix en France, si l’on rajoute l’électrolyse là-dessus, on marche sur la tête. En ce qui concerne l’hydraulique, si on veut s’y intéresser, il faut d’abord la retirer des mains des américains de General Electric qui n’en font rien et considérer que c’est une énergie pilotable qui n’a pas besoin d’être stockée en hydrogène puisqu’elle est déjà stockée en réservoirs d’eau !
A un moment, il faut revenir sur notre planète avec ses caractéristiques physiques et ses lois. Chaque changement d’état conduit à des pertes, et donc multiplier les changements d’état multiplie les pertes et pas plus Monsieur Hulot que moi ne pourrons rien y changer… mais peut-être sur une autre planète. Moi, je préfère la notre pour l’instant.

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