14 novembre 2018
« La Chine est en train de faire pour le développement de l’Afrique ce qu’aucun pays colonisateur n’a fait, ensemble nous allons maintenant nous battre pour une vraie démocratie aux Nations unies ».
Crédits photo couverture : Ihsaan Haffejee / ANADOLU Agency / AFP
Seulement 23 % des aides publiques apportées par la Chine en Afrique entre 2000 et 2015 profitent aux populations du continent. Preuve que Pékin cherche à contrôler une force géopolitique majeure.
Entre 2000 et 2014, la Chine a versé près de 355 milliards de dollars d’aides à travers le monde, soit près de 300 milliards d’euros. En décembre 2015 durant le sommet Chine-Afrique, le président chinois Xi Jingping a promis une aide de 60 milliards de dollars au continent, une somme colossale qui a pour but de financer différents programmes de coopération comme l’industrialisation, l’agriculture ou encore la réduction de la pauvreté. C’est d’ailleurs une promesse que n’a pas manqué de souligner le président de l’Union Africaine d’alors, Robert Mugabe :
« La Chine est en train de faire pour le développement de l’Afrique ce qu’aucun pays colonisateur n’a fait, ensemble nous allons maintenant nous battre pour une vraie démocratie aux Nations unies ».
Pourtant, cette générosité de Pékin a intrigué plus d’un spécialiste et amène à réfléchir sur les réelles motivations du géant asiatique.
Une politique d’investissements
Le programme de recherche américain Aïd Data a publié en octobre une étude retraçant les aides internationales en Afrique par les différents pays. Aux premiers abords, les deux premières années de financement des projets de la Chinafrique, apportent une croissance moyenne de 0,4 %. Pourtant, la mise en pratique des aides aux projets révèle une dominance des investissements et non des aides. Le directeur d’ Aïd Data, Bradley Parks, explique la subtilité des financements :
« Ce sont souvent des prêts concessionnels avec de faibles taux d’intérêts et pour objectif de servir uniquement les intérêts économiques chinois »
Ainsi, les placements financiers de la Chine en Afrique apparaissent comme un poids dans les négociations à la table des Nations unies. En effet, l’étude d’ Aïd Data présente les différentes aides de la Chine selon la géographie de l’Afrique. Il suffit alors de se renseigner sur les liens politiques entre les différents pays du continent et la Chine pour observer que cette dernière aide en priorité les potentiels appuis et les sources de matières premières. À la table des négociations, la Chine peut désormais compter sur une multitude de pays qu’elle tient en quelque sorte sous son emprise financière.
Source : afrikakom.com
Un enjeu géopolitique
Historiquement, la relation entre la Chine et l’Afrique trouve une nouvelle ère en 1949. A cette époque où les indépendances africaines émergent petit à petit, la Chine intervient dans le cadre d’une solidarité tiers-mondiste, notamment à la suite de la conférence de Bandung de 1955 — le but étant également de contrer les puissances occidentales. Depuis, la Chine n’a cessé de se développer économiquement sur le territoire africain. Elle apparait même comme un partenaire essentiel, avec près de trente ambassades sur le continent. L’Afrique est depuis toujours considérée comme un puits de richesses par le reste du monde et la Chine n’échappe pas à la règle. Mainmise sur les sites pétroliers, exploitation du minerai, agriculture et chantiers de grande ampleur, l’Afrique est devenue en moins de 20 ans l’un des principaux terrains de jeu de la Chine.
Corruption et éducation
Les aides financières et les investissements de la Chine font ressortir différents aspects positifs et négatifs sur le continent. Parmi eux, la corruption et l’éducation. En effet, l’arrivée des projets chinois dans l’économie de certains pays a également apporté des codes de la mafia. C’est à la suite de l’étude d’ Aïd Data que les spécialistes ont pu confirmer une hausse des pots de vins dans un périmètre de 50 kilomètres autour des projets chinois, notamment les projets énergétiques. Permis de conduire, autorisation de travail et relation avec la police locale, des actions en proie à la corruption, notamment dans les pays en voie de développement.
D’un autre côté, les relations Chinafrique ont participé au développement de l’éducation internationale. En 2017, c’est près de 50 000 africains qui ont fait leur rentrée universitaire en Chine, soit vingt fois plus qu’il y a dix ans. En 2015, Pékin s’est engagé à distribuer près de 30 000 bourses supplémentaires d’ici à 2018. À ce rythme, près de 80 000 étudiants africains seront présents sur le territoire chinois. Pékin ne cherche plus seulement à investir financièrement sur le territoire, mais tisse également des liens étroits avec ses futurs alliés.
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