Les Européens surcontaminés aux dioxines

Romain Loury
Journal de l'environnement
23 nov. 2018


Les dioxines se retrouvent en forte concentration dans la viande, le poisson et les produits laitiers par exemple. [Reiner Kraft/Flickr]

L’exposition alimentaire aux dioxines est pire qu’on le pensait, révèle un rapport publié mercredi 21 novembre par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). La population en ingérerait, en moyenne, jusqu’à 5 fois trop. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
Alors que les dioxines, au nombre de 19 congénères, ne sont que des sous-produits d’incinération, entre 1,2 et 1,5 million de tonnes de PCB, dont 12 sont de type dioxine (« dioxin-like PCBs »), ont été produits depuis la fin des années 1920 jusqu’à celle des années 1970, pour servir d’isolants électriques.

De puissants perturbateurs endocriniens
Selon des travaux d’exposition menés chez l’animal, et d’observation chez l’homme, ces perturbateurs endocriniens ont été liés à divers effets toxiques en cas d’exposition chronique ou aigüe : baisse de qualité du sperme et infertilité masculine, retard de puberté masculine, abaissement du sex-ratio (soit une baisse de la proportion de garçons à la naissance), surproduction de l’hormone thyroïdienne TSH chez les nouveau-nés, surmortalité d’origine cardiovasculaire, etc.
Évoquées par l’ Efsa dans son rapport publié mercredi 21 novembre, d’autres études suggèrent des risques d’endométriose chez les femmes, des risques cancéreux ; ou des effets sur le développement du système immunitaire et le développement cérébral, ou encore sur l’obésité et le diabète de type 2. L’autorité ne les a toutefois pas retenues dans son analyse, en raison d’un manque insuffisant de preuves.
Très persistants dans l’environnement, ces substances continuent à contaminer la chaîne alimentaire. Notamment dans les tissus adipeux des animaux, raison pour laquelle on les trouve principalement dans les poissons gras, le fromage et la viande. Or cette exposition aux dioxines pourrait être pire que ce qu’on pensait, révèle l’ Efsa.

Une DJA abaissée d’un facteur 7
Suite à un rapport publié en 2001, le comité scientifique de l’alimentation, ancêtre de l’ Efsa, avait retenu pour les dioxines une DJA de 14 picogrammes [i] par kilogramme de poids corporel (pg/kg) et par semaine. Pour mieux tenir compte des effets sur la qualité du sperme, l’ Efsa vient d’abaisser cette DJA d’un facteur 7, pour une valeur désormais fixée à 2 pg/kg.
Résultat, l’ensemble de la population européenne se trouve de facto surexposée aux dioxines. L’exposition moyenne d’un adolescent, d’un adulte ou d’une personne âgée se situe jusqu’à 5 fois au-dessus, pour la fourchette haute. Pour les 5 % de personnes les plus exposées, elle se situerait même jusqu’à 15 fois au-dessus. Et comme avec la plupart des contaminants alimentaires, ce sont les bébés et les enfants qui sont les plus exposés, deux fois plus que les adultes.
Si ces données n’ont rien de rassurant, l’ Efsa tempère en indiquant qu’il existe encore des doutes quant à la toxicité relative des divers congénères. La DJA est en effet calculée en assimilant l’ensemble des 29 dioxines (PCB ou non) à une seule, en recourant à des « facteurs d’équivalence de la toxicité » (FETs). Or ceux-ci, qui restent à affiner, pourraient être moindres pour certains congénères.

[i] Un picogramme correspond à 10-12 grammes, soit un millionième de millionième de gramme.

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