le 16.11.2018
Commentaire : la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) résonne comme " un acte monstrueux d'automutilation nationale "
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51 députés LR ont signé ce texte rédigé par le député du Vaucluse, Julien Aubert, président du mouvement Oser la France et président du groupe d'études "Enjeux économiques de la filière industrielle énergétique". Un texte qui remet l'industrie nucléaire au coeur du jeu et propose un moratoire sur l'éolien en cas de contentieux local.
Cette tribune a été écrite par le député
LR Julien AUBERT, député de Vaucluse, président d' Oser la France,
rapporteur spécial des crédits " Environnement/Energie " pour la
Commission des Finances et président du groupe d'études " Enjeux économiques de la filière industrielle énergétique ".
Mi-Novembre, le gouvernement annoncera ses arbitrages pour la future programmation pluriannuelle de l'énergie. Les Républicains espèrent que ce sera l'occasion de rompre avec les errements de l'ère Hollande, qui par leur aveuglement idéologique ont conduit à copier la transition énergétique à l'Allemande. Devant nous, il y a en effet 12 Chantiers d'Hercule. Les cinq premiers chantiers sont liés à la définition des objectifs et de la conduite d'une politique de transition qui, présentée comme une urgence absolue, se fait dans le désordre et au prix d'une fiscalité écologique qui devient étouffante, comme le montre la grogne sur les carburants.
Le premier chantier doit donc d’être de définir très précisément nos objectifs. Pour les Républicains, l’objectif numéro 1 doit être de réduire notre dépendance au carbone fossile, qui nous coûte cher, et de le faire en minimisant le coût pour le contribuable de la tonne d’émission de CO2. C’est un impératif de souveraineté, d’indépendance et de compétitivité. Cela suppose d’écarter d’autres objectifs comme celui de la dénucléarisation, voulue par les écologistes notamment : le nucléaire ne produit pas de CO2 et est consubstantiel de la dissuasion nucléaire française. Cela signifie aussi de mener une transition énergétique qui privilégie la substitution d’énergies décarbonées au fossile, en privilégiant celles qui maximisent nos emplois industriels, minimisent notre coût budgétaire et notre dépendance aux métaux rares.
Conserver un potentiel nucléaire
Le second chantier est donc de remettre à plat nos différentes politiques de soutien,
en les auditant de manière globale et sur des éléments chiffrés
comparables. Il faut certainement réfléchir en coût complet pour le
nucléaire (démantèlement, déchets) mais aussi pour les énergies
intermittentes (moindre taux de charge, moindre durée, impact sur le
réseau) ou la biomasse et introduire des éléments de paramètre comme la
dépendance aux métaux rares, l’existence d’une industrie nationale, la
nature des emplois créés. CITE, Certificats d’économie d’énergie (CEE),
éco-prêts, la taxe carbone… les outils sont devenus nombreux et
incompris. Afin de mieux piloter la coordination des objectifs nationaux
et des initiatives locales, il est urgent pour cela de créer un commissariat de la planification énergétique,
chargé de conclure des contrats d’objectifs et de moyens avec les
collectivités territoriales pour éviter le doublonnage des moyens
publics et le gaspillage, notamment au niveau du financement des études
préalables. Cela veut dire arrêter de parler de programmation –
politique, volontariste et souvent irréaliste – et faire une véritable
planification – scientifique mais aussi budgétaire, avec une vue
d’ensemble des territoires, des enjeux, des objectifs et des énergies.
Le chantier numéro 3 suppose de rester humble devant les incertitudes techniques et la variabilité des prix du marché : nous devons bâtir une transition énergétique flexible, c’est-à-dire capable d’encaisser les à-coups et d’être réorientée au besoin.
Ceci tranche avec l’approche digne du Gosplan retenue par les
présidents Hollande, puis Macron, consistant à fixer des objectifs
extrêmement ambitieux dans des délais très courts, en négligeant la
résistance sociale ou les coûts engendrés. Sous forme de slogan - -30%
en 2030, - 40% en 2040 – le politique produit du chiffre rond comme s’il
s’agissait d’un problème théorique, et non d’un sujet concret et
essentiel pour les besoins des Français. Le gouvernement oublie que nous
pesons 1 % des émissions, et qu’il ne sert à rien de commettre un
hara-kiri économique pour obtenir un impact mondial proche de zéro, car
nous sommes déjà un pays peu producteur de CO2. De la même manière, il
faut arrêter avec des choix définitifs comme le tout-électrique – ce qui
exclut les formidables potentialités du biogaz ou de la filière
hydrogène, qui bénéficieront d’un moindre accompagnement en termes
d’infrastructures de support et ne pourront pas se développer de manière
libre – ou la lente asphyxie de la filière nucléaire, au prétexte
qu’elle serait finie.
Il résulte de ces trois constats deux chantiers qui en découlent logiquement : premièrement, il nous faut déployer l’énergie électrique dans les usages (véhicules électriques, chauffage) uniquement si elle est décarbonée,
ce qui suppose d’éviter l’écueil allemand qui jumelle ses éoliennes
avec des centrales thermiques et de penser la production avec
l’utilisation. Ensuite, il nous faut investir massivement dans la recherche sur le stockage électrique et sur la gestion des réseaux,
qui demain devront arbitrer entre des modes de production centralisés
descendants (de type hydro-électricité) et des modes de production
décentralisés remontants (de type photovoltaïque).
Concernant l’électrique, nous refusons d’opposer nucléaire et
énergies renouvelables. Plusieurs chantiers méritent d’être ouverts :
notre sixième chantier est de préserver le cycle nucléaire de retraitement des déchets en combattant la politique actuelle du gouvernement qui cherche à étouffer le projet de 4ème
génération ASTRID. Sans cette quatrième génération, le problème du
retraitement des déchets va devenir ingérable, et c’est bien ce
qu’espèrent les adversaires du nucléaire : faute de solution pour
transmuter les déchets, on devra entreposer du plutonium au fond des
galeries du laboratoire souterrain CIGEO de Bure, contrairement à ce qui
avait été promis aux populations locales en 1991. Alors que certains
pays comme la Chine veulent investir dans la 4ème génération, nous allons sacrifier plusieurs années de recherche en organisant une impasse ? Ce serait criminel.
Notre septième chantier est bel et bien de conserver un potentiel nucléaire, c’est-à-dire nos capacités industrielles, nos emplois, nos savoir-faire.
Plutôt que de décréter la mort des centrales les plus anciennes, au
risque de provoquer une catastrophe sociale dans les départements
concernés, et de tuer Orano, car ces centrales sont « moxées »
c’est-à-dire qu’elles nourrissent l’usine de retraitement de La Hague,
il convient de donner de la visibilité au secteur avec un plan, site par
site prévoyant la fermeture prévisionnelle des tranches, les budgets de
démantèlement fléchés, les déchets les moins dangereux pouvant être
stockés sur place, et les tranches nouvelles devant être construites. Il
ne s’agira pas forcément d’ EPR et la France gagnerait à réfléchir à des
modules plus petits, en travaillant notamment avec le Japon.
Notre huitième chantier doit être de planifier le déploiement du photovoltaïque dans une logique d’aménagement du territoire.
Les recettes tirées de ces panneaux peuvent être un complément bien
utile pour faire face aux variabilités de l’activité agricole par
exemple. Voilà pourquoi, il faut encourager les agriculteurs à se doter
de tels panneaux, en créant un fonds spécifique capable de descendre sur
de petits investissements car le réseau bancaire et même la BPI sont
trop frileux.
Un moratoire sur l'éolien
A l’inverse, sur l’éolien terrestre et maritime, qui
fait face à une véritable fronde du fait de l’atteinte portée aux
paysages ou au fond des mers, il nous apparaît préférable de déclarer un moratoire pour les projets où aucun consensus local n’est constaté. Ce neuvième chantier supposera de réévaluer le coût réel de cette technologie, disproportionné par rapport à ses avantages. Seul l’éolien flottant, plus loin des côtes, échapperait à ce moratoire.
Coté fossile, notre objectif devant être de réduire notre dépendance,
nous devons agir au niveau des transports et du logement, mais en
ciblant spécifiquement certains points. Notre dixième chantier est de structurer des filières nationales de biogaz,
énergie essentielle de la transition énergétique, en obligeant la
conversion de certaines flottes captives (taxis, poids-lourds,
ambulances, véhicules de l’administration) pour créer un marché et une
demande capable de tirer tous les atouts de cette filière. Coté logement et économies d’énergie, nous devons engager un plan ciblé sur les centres-villes anciens
en demandant à la Poste de former ses agents au diagnostic énergétique,
car c’est la seule manière de rentrer chez l’habitant, et en
concentrant les aides sur la rénovation énergétique des logements
chauffés au fossile, avec une prime à la casse des vieilles chaudières.
Le dernier et douzième chantier est le plus compliqué : il s’agit de remettre l’Homme au cœur de la transition énergétique et sortir de l’obscurantisme écologique
qui sous couvert de catastrophisme cherche à imposer un modèle
économique basé sur la décroissance ou le malthusianisme. Faire moins
d’enfants, dégrader la qualité de vie des français, leur imposer des
pylônes hideux ou des taxes absurdes ne les convaincront jamais de la
nature des efforts. Aujourd’hui, la transition énergétique parle
d’environnement mais oublie l’Homme. Elle est antisociale en taxant les
pauvres et les ruraux pour les punir de leur mauvaise consommation. Elle
se gausse de la science et du bon sens en refusant de regarder les
rentabilités des énergies et en accusant le nucléaire d’avoir la rage
pour mieux le noyer. C’est bel et bien une certaine idée de la place de
l’Homme que les Républicains entendent porter dans le débat public.
Les signataires de la tribune :
-Thibault BAZIN, député de Meurthe-et-Moselle
-Valérie BEAUVAIS, députée de la Marne
-Emilie BONNIVARD, députée de la Savoie
-Valérie BOYER, députée des Bouches-du-Rhône
-Xavier BRETON, député de l’Ain
-Bernard BROCHAND, député des Alpes-Maritimes
-Fabrice BRUN, député de l’Ardèche
-Gilles CARREZ, député du Val-de-Marne
-Jacques CATTIN, député du Haut-Rhin
-Gérard CHERPION, député des Vosges
-Dino CINIERI, député de la Loire
-Pierre CORDIER, député des Ardennes
-Olivier DASSAULT, député de l’Oise
-Bernard DEFLESSELLES, député des Bouches-du-Rhône
-Vincent DESCOEUR, député du Cantal
-Julien DIVE, député de l’Aisne
-Charles de la VERPILLIERE, député de l’Ain
-Jean-Pierre DOOR, député du Loiret
-Annie GENEVARD, députée du Doubs et vice-présidente de l’Assemblée nationale
-Philippe GOSSELIN, député de la Manche
-Michel HERBILLON, député du Val-de-Marne
-Patrick HETZEL, député du Bas-Rhin
-Valérie LACROUTE, députée de Seine-et-Marne
-Guillaume LARRIVE, député de l’Yonne
-Marc LE FUR, député des Côtes-d’Armor et vice-président de l’Assemblée nationale
-David LORION, député de la Réunion
-Véronique LOUWAGIE, députée de l’Orne
-Emmanuel MAQUET, député de la Somme
-Olivier MARLEIX, député d’Eure-et-Loir
-Jean-Louis MASSON, député du Var
-Jérôme NURY, député de l’Orne
-Jean-François PARIGI, député de Seine-et-Marne
-Bérengère POLETTI, députée des Ardennes
-Didier QUENTIN, député de Charente-Maritime
-Nadia RAMASSAMY, députée de la Réunion
-Robin REDA, député de l’Essonne
-Frédéric REISS, député du Bas-Rhin
-Jean-Luc REITZER, député du Haut-Rhin
- Raphaël SCHELLENBERGER, député du Haut-Rhin
-Jean-Marie SERMIER, député du Jura
-Eric STRAUMANN, député du Haut-Rhin
-Jean-Charles TAUGOURDEAU, député de Maine-et-Loire
-Guy TEISSIER, député des Bouches-du-Rhône
-Jean-Louis THIERIOT, député de Seine-et-Marne
-Isabelle VALENTIN, députée de Haute-Loire
-Patrice VERCHERE, député du Rhône
-Arnaud VIALA, député de l’Aveyron
-Michel VIALAY, député des Yvelines
-Stéphane VIRY, député des Vosges
-Eric WOERTH, député de l’Oise et président de la Commission des Finances
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